Faute de jeux de cartes, et faute d'envie de raconter des histoires drôles, nous échangeâmes divers propos sur la situation, laquelle, c'était bien clair, après tant de tueries, commençait s'améliorer. Nous en cinmes à partler, naturellement, de toutes ces vies perdues, sacrifiées. l'oncle Vanghèlis était là dans son élément. L'institutrice folle plongea la main dans son sac et en tira une grande. Elle ôta la goupille en serrant fort la cuillère. Nous étions terrifiés. "N'ayez pas peur, disait-elle, n'ayez pas peur. Je vous fais voir comment la jeter." Le gendarme excité nous montra son pistolet. Il le vida et le rechargea en un clin d'oeil. Mais ce ne fut pas ce qui nous effraya le plus."
Yòrgos Ioànnou Le Seul héritage, nouvelles traduites du grec par Hélène Zervas & Michel Volkovitch. - Sèvres, Le Miel des anges, 156 pages, 12 €