Le roman noir de la grisâtre

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De l'alcool, du chichon, de la frustration. Rien que ça à se partager. On a rencontré d'autres stagnants, on s'est enivrés avec eux, puis ça a continué sur une semaine, sur un mois et terminé. On passait à autre chose, à d'autres lieux. On recommençait. De nouveaux stagnants. Des sales fréquentations parfois. Des qui voyaient la prison comme un diplôme. Passage obligatoire. A force de dériver dans le gris, ça parlait de sous tout le temps. Et de comment en avoir. De braquer le tabac du centre. Le samedi à dix-neuf heures. Quand la caisse est pleine. Aristide ça le tentait bien. Il passait quasi que pour ça. Causer d'un plan. Fumer un cône. Et il repartait. Droit dans le crapuleux. Grand Jean demeurait ivre. Il ne se passait rien. Des allers et retours à l'épicerie pour des feuilles slim. C'est un peu comme ça que se sont terminées nos enfances. Inachevées. Des pétards mouillés... Grand Jean n'a fait que s'abîmer avec assiduité pendant que la grisâtre m'étouffait. J'en devenais anxieux. Terriblement. Irrité pour un rien. Pour tout le rien qui pesait, comme ça, en permanence, sur les arbres, sur les rues, sur les fronts. Et par le temps, qu'aspirait chacune d'entre nous dans la mort... Ca me mettait dans une terrible état. Je causais qu'à mes ténèbres





Hector Mathis Carnaval. - Paris, Buchet-Chastel, 224 p., 16 € En librairie depuis le 20 août.

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