Gould, Schoenberg et le corbillard

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On doit à au musicien et réalisateur Bruno Monsaingeon un gros volume d’écrits de Glenn Gould. C’est pas banal. On y trouve ses propres textes, des critiques, des partitions et des entretiens, autant de pages qui nous démontrent, s’il le fallait, quel personnage était le pianiste.
Nous nous sommes arrêté, profane que nous sommes, sur un étonnant reportage photographique de Jock Carroll (Week-end Magazine, n° 27, 1956) où le pianiste pose à côté d’un corbillard abandonné.

Mort dans l’après-midi
J’spère que la photo du corbillard abandonné nest pas prophétique. Dans ses dernières années, le compositeur arnold Schoenberg s’était persuéadé que nos destinées étaient governées par les nombres, et il croyait très fort aux prédictions de l’un de ses amis astrologues. Parvenue à soixante-cinq ans, il lu écrivit pour lui demander s’il s’agissait de la dernière année de son existence, du fait que 65 pouvait être divisé par le nombre fatal 13. L’astrologue lui répondit : « Non, vous ne mourrez pas cette fois-ci. Mais la prochaine fois qu’un nombre vous sera défavorable, votre dernière heure sera venue. »
Schoenberg supposa que cela surviendrait treize ans plus tard, lorsqu’il aurait soixante-dix-huit ans. Deux ans avant d’en arriver là, lorsqu’il en eut soizante-seize, il reçut un mot de son ami lui disant : « Attention, Arnold, les années dangereuses ne sont pas seulement celles où votre âge peut être divisé par 13, mais aussi celle où la somme des chiffres de votre âge donne 13. C’était précisément le cas de 76. EN s’apercevant de cela, Schoenberg fut très impressionné. Il mourut cette même année. C’était en 1951, le 13 juillet.

Je suis moi-même assez convaincu de l’existence de phénomènes surnaturels. A neuf ans, je fis un rêve étrange, dans lequel je me voyais couvert de taches rouges. Lorsque je racontai ce rêve à ma mère le lendemain matin, elle fut stupéfaite ; elle avait fait exactement le même rêve pendant la nuit. Or, il n’y avait à cette éopque aucune épidmie de rougeole qui ait pu nous auroiser à ranger ce rêve sous la rubrique simple suggestions. Quatre jours plus tard, j’attrapais la rougeole. »
Nul besoin d’écrire de la littérature pour être parfaitement folichon.


Glenn Gould Contrepoint à la ligne et autres écrits. Traduction et édition établies par Bruno Monsaingeon. — Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », 954 pages, 32 pages.




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