Albert Touchard (1925)

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Albert Touchard
On se souvient que, l'an dernier, M. Albert Touchard obtenait avec son beau livre La Mort du Loup, dont nos Académisards ont fait en son temps un juste éloge, Je grand Prix Balzac.
C'est un artiste que la vie et l'art — qui en est le reflet — Intéressent, préoccupent avant tout. Il travaille, sans se hâter, quand il a quelque chose à dire et le dit à son heure. Il ne se croit pas obligé, comme tant d'autres, de sortir un bouquin, par an. Il le vit, le pense, l'élabore, si je puis dire. Et quand il l'a mûri, comme un arbre son fruit, le fruit se détache tout .seul de la branche et tombe. C'est sans doute pourquoi il a cette saveur de fruit venu dans sa saison et dans sa terre. Ce n'est pas le produit "soufflé d'une forcerie.
Entré à l'Ecole Navale, il a pris part comme aspirant, à l'âge de dix-sept ans, à une croisière en Extrême- Orient, sur le « Bayard », auprès de son « fisto » Bargonne, devenu en littérature Claude Farrère. Démissionnaire quelques années plus tard pour raison de santé, il publia dans La Revue Hebdomadaire, Le Correspondant, L'Opinion, etc., des études pleines d'intérêt pour les spécialistes et pour le public lui-même sur les questions navales et des essais sur la littérature russe: Peu après il donnait, en collaboration avec M. Serge Persky, une traduction du chef-d'œuvre d'Andréieff : Les Sept Pendus. On lui doit à présent des traductions d'ouvrages russes, de Dianitri, de Merejkowski et de Michel Artzibacheff, entre autres.
Enfin, il aborda le théâtre en 1910, avec une adaptation de Fritzchen, de Sudermann, jouée chez Réjane, et avec cinq actes tirés du célèbre roman de Dostoïewski : Crime et Châtiment, représentés avec succès au Casino National de Nice en 1913.
Revenu au service actif pendant la guérre, il a pris part, à la tête d'une batterie de canonniers-marins aux combats devant Reims, Verdun et en Argonne. Les réflexions que lui a inspirées ensuite un voyage d'études en Allemagne (1921), ont paru dans La Revue de Paris.
Il est porté, par son goût de la dis section du cœur humain,? vers un art sévère, quelquefois/ âpre. et' souvent tourmenté, qui fait songer à celui d'un Gorki, d'un Dostoïewski, ses maîtres; C'est l'art d'un homme auquel une intelligence minutieuse ne laisse que peu de certitude, donc, de repos. Dans l'eau de ses yeux d'un bleu-vert, couleur des mers qu'il a tant de fois parcourues à la poursuite, de ses propres chimères, doivent passer beaucoup. de reflète nostalgiques...

Gabriel Reuillard


Paris-Soir, 31 mars 1925

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