Kobayashi et les violences

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Il ne s'agit pas de dire une fois encore les beautés et la force du Bateau-usine de [Takiji Kobayashi |/index.php?post/2017/10/21/Kobayashi-est-de-retour]. Nous l'avons fait, naguère, en parlant de son Propriétaire absent, rural opus. Avec Le 15 mars 1928, qui paraît dans une traduction de Matthieu Capel, la trilogie du romancier militant se boucle sur les violences policières subies. C'est un cycle que cette oeuvre : conditions de travail industrielles, conditions de vie et de travail rurales, conditions de vie sociales et politiques. Kobayashi mort si jeune avait un penchant pour la synthèse.
Le 15 mars 1928 est la date à laquelle le gouvernement japonais rafle sles syndicalistes dans le pays de crainte de devoir résister à un soulèvement. C'est dire si les conditions de vie devaient être agréables pour les travailleurs à cette époque.
Ce texte, de forme romanesque, à la manière Kobayashi, c'est-à-dire par succession de scènes très visuelles, raconte la violence subie mais ne s'arrête à la violence policière infligée aux syndicalistes arrêtés en masse. La violence vécue par les épouses, les enfants, la violence généralisée imprègne ce livre qu'on dirait, sans mauvais de jeu, à bâtons rompus. (Faut-il rappeler que Kobayashi est mort à quelque temps de là, probablement battu par la police ?)
Condition ouvrière, condition féminine, il ne faisait pas bon au Japon...

A l'âge de dix-sept ans, on la maria à Kudô, du village voisin. Mais dès le surlendemain - puisque les moissons d'automne venaient juste de finir -, Kudô et elle durent aller pousser le wagonnet dans le camp de travailleurs de la mine voisine. Quand ils rentraient chez eux, usés comme des bouts de chiffon, une montagne de travaux domestiques l'attendait. Elle faisait ainsi l'aller-retour entre wagonnets et cuisine, groggy, comme saoulée de coups. Comme elle poussait une benne sous un soleil de plomb, il lui arriva de perdre conscience et de tomber à la renverse, épuisée par cette nouvelle vie maritale et les douleurs menstruelles.
Avec la naissance de leur premier enfant, la vie ne fut que plus pénible.

Comment ne pas se laisser absorber par ce nouveau témoignage de Kobayashi, ce grand retrouvé des lettres nippones ?

Takiji Kobayashi Le 15 mars 1928. Traduit du japonais par Matthieu Capel. - Paris, Amsterdam, 12 €



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