On ne se sent plus d’aise : dans la foulée de la lecture de l’Histoire d’un soulèvement, de Laurence Boissier et du Sez Ner de Camenisch, nouvelle délectation avec le Tour d’horizon de Kathleen Jamie.
Qu’il est bon de trouver face à nous des êtres qui s’attablent au banquet de la vie sans affectation... Avec une simplicité et une pertinence remarquables, la poète anglaise Kathleen Jamie apporte aux « livres de nature » dont notre époque ressent si fort le besoin une pièce remarquable. A travers les récits de différentes expériences personnelles dans différents coins du monde — voyages, treks ou observations quotidiennes — elle rend lisible ce qui donne à chacun le goût de vivre, le sens de la curiosité et le besoin de retrouver sa place dans un monde qui nous convient. Comme l’Helvète Laurence Boissier l’a également réussi récemment avec son Histoire d’un soulèvement (2020), Kathleen Jamie place le monde au centre de sa vie, donnant à la notre un coup d’épaule ostensible : il convient de regarder attentivement ce qui ne l’a pas été durant des décennies d’industrialisation, de finances et de pétrochimie durant lesquelles L’Homme n’a pas su mettre le boisseau sur ses préoccupations prédatrices impertinentes. Avec Kathleen Jamie, revient ce goût de tourner les pages avec les cycles de la nature, en pleine conscience des éléments et de la vie animale.
Pour rentrer, l’os est moi avons dû traverses Glasgow en métro. Il était attaché par des sangles à l’extérieur de mon sac à dos — ou c’est moi qui y étais attachée. Cela m’amusait — être sanglée à un morceau de baleine, quitter les rumeurs du trafic et descendre sous terre par des escalators jusqu’aux couloirs du métro. Il est dans mon bureau au grenier maintenant, comme un rappel du monde des abysses.
Kathleen Jamie Tour d’horizon. Traduction de l’anglais par Ghislain Bareau. — Genève, La Baconnière, 2018, 220 pages, 20 € Même remarque qu’au fabricant du Soulèvement de Laurence Boissier : livre délicieusement fabriqué, souple, dense, un vrai bonheur.