Antoinette et sa boîte en os

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ANTOINETTE PESKE était une toute petite fille. Un jour, en effeuillant une marguerite et en disant les traditionnels « un peu, beaucoup, passionnément, à la folie », elle s’arrêta sur ces derniers mots. A la folie, comment peut-on aimer jusqu'à la folie, se demanda-t-elle ? Pendant longtemps, elle se posa cette question, rêva, imagina. Un roman étrange était en train de naître.
Elle hésita beaucoup à l’écrire. Des années après, le hasard lui fit connaître un homme qui sortait d’une maison de santé. Il lui raconta comment il avait perdu la raison par amour. Antoinette Peské, dès lors, ne pouvait pas ne pas écrire « La boîte en . os ». La boite en os, c’est le crâne de la femme aimée que le fou rêve d’ouvrir pour savoir enfin ce qu'il y a dedans).
Ce n'est qu'en 1939 que l'ouvrage parut. Antoinette Peské avait présenté son manuscrit à plusieurs éditeurs qui ne le lurent même pas. (De celà elle est sûre, car soie avait semé dans les pages des petite bouts de laine quelle retrouvait fidèlement à la même placet) Un seul consentit à le faire : Denoél, qui le publia en tirage limité.
Aujourd'hui, Frédéric Chambriand un jeune éditeur courageux vient de rééditer « La Boite en os ». Pierre Mac Orian a écrit la préface. II dit qu’il a relu ce livre avec la même joie que « Alice au pays des merveilles » ou « Le Grand Meaulnes Cependant, il s'agit d'un roman noir, pimenté d'érotisme.
Antoinette Peské aurait voulu être comédienne. Petite fille elle rencontra dans l'atelier du peintre Jean Peské son père. outre Apollinaire, Fénéon c-t Ca’-co. de grands artistes qui entretenaient sa passion du théâtre Une longue maladie, son mariage, un enfant, la firent renoncer a sa vocation. Par une sorte de refoulement elle « joue » chacun des personnage ses romans, au fur et et à mesure qu'elle les crée.
Antoinette Peské. si tendre et discrète dans la vie a toutes les audaces quand elle écrit. Elle travaille à une pièce de théâtre « qui va choquer terriblement ». dit-elle. Elle est blonde, diaphane, rêve sa vie tout en ne négligeant pas les préoccupations matérielles et a le physique dont rêva Emily Bronte. Comme cette dernière, elle avoue avoir longtemps écrit sur l'amour qu'elle ignorait.

Article non signé, 2 mars 1951, Paris-Presse l'Intransigeant


Antoinette Peské La Boîte en os. - Paris, "Libretto", nlle édition janvier 2021, 224 pages, 8,90 €

Illustration du billet : Antoinette Peské par Desnoyer (Combat, 31 août 1946).

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