Sacrée vieille bête de Graal

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Intéressante initiative de Bertrand Lacarelle : nous restituer le Graal. On en avait perdu le goût, à moins d’avoir suivi les cours de la littérature médiévale à l'université, ou la mini-série Kameloot qui lui a mieux encore rendu de sa poésie, de son foutraque et de son fantastique. Connaissait-on encore l’histoire du Graal, de son apparition et de ses incarnations, de ses trajets discrets dans les livres ?
Des romans du XIIIe siècle composant le récit romanesque prototypique de la littérature française, entamé par La Quête (rédigée vers 1225) et pousuivi par ''Joseph d’Arimathie’’ (etc.), l’auteur de cet essai compose une cathédrale au Graal qui se trouve dans le château que l’on sait, eh oui. L’auteur bâtit son livre choeur après transept en hommage à Notre-Dame récemment consumée (la cigarette tue mais le fer à souder carbonise.).

L’aventure mes frères consiste à lire les cinq mille pages du Livre du Graal : le livre de toutes les aventures liées au « Saint Vase », de son arrivée en Bretagne à son ascension céleste en Terre sainte.

Bien personnel, l’essai évoque donc le récit de la recherche bien sûr, étape par étape, s’arrête sur les vertus morales des uns, les questionnements des autres, et, en passant, fait état de l’actualité du "Groupe Réaction Anarcho-Autonomiste Libertaire » — qui, comme certaines divinités est parmi nous et nous tient à l’oeil. Il tagguait encore à Nantes en 2019. Voici encore Galaad, à qui revient le « siège périlleux » de la Table Ronde et tout le peuple qui habite ces hautes pages fondatrices de notre culture. Arrêtons-nous sur ces deux derniers mots : c’est bien la nationale création que célèbre Lacarelle, et il ajoute, après avoir cité Drieu, Pound et Dominique de Roux en exergue, « Qui n’a pas lu le Livre du Graal, n’est pas Français », comme on en chante d’autres dans les stades. On se demande si... mais, l’essai est personnel, on vous le disait, du genre à faire rimer anarchisme avec saint chrême, ce qui peut laisser perplexe, à moins de recourir aux petites oiseaux du gars François dont la geste, moins tapageuse il est vrai, n’en est pas moins belle.


Bertrand Lacarelle Ultra-Grall. — Paris, Pierre-Guillaume de Roux, 191 pages, 18 €


Illustration du billet : Anonyme, Histoire du Saint Graal, plume et gouache ; 21,9 x 21 cm. Récit de la fin du XIIe ou XIIIe siècle, en 3514 octosyllabes, attribué à Robert de Boron (Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts (NUM EBA 4115)

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