Les Nouveaux Anciens

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Phénomène de la poésie nouvelle, lauréate du prix Ted Hughes en 2012 pour ces Nouveaux Anciens, la poète et musicienne anglaise Kate Tempest revendique une nouvelle cosmogonie pour les divinités un peu perdues, et qui s’ignorent, que sont les citoyens du XXIe siècle : aux déesses et dieux en jeans, armés de sacs en plastique, ennoblis par leurs seuls tatouages, perclus d’angoisses, l’aède britannique rend une dignité qu’on dirait ensoleillée à travers le voile du sordide et de la violence, des marécages économiques et sociaux.
A hauteur d’un Olympe renouvelé où elle aspire à nous attirer, Kate Tempest répand une épopée du quotidien, vive comme un torrent, heurtée, dévidée avec un sens de l’urgence et de la nécessité. A entendre son verbe clair et direct, on ne peut s’empêcher de penser qu’elle reprend le flambeau d’un autre raconteur de son temps, Ken Loach le cinéaste, ou qu’elle poursuit sur le champ poétique, son combat pour la fierté de l’être humain, sur le champ de la parole, sa quête de la joie et de la paix.
On peut se faire une idée du flow aux reliefs cockney de cette soeur hypothétique de notre Joseph Ponthus national dans son imposant « Europe is lost ».


Et donc ils deviennent des caïds,
En colère et exclus,
Balèzes
Poings toujours serrés et regards tristes –
Mais entre eux, il y avait de la décence,
Entre eux un lien,
Une faiblesse partagée
Qui les renforçait.
Si tu les vois, capuches relevées,
Arpentant les rues la nuit
Tu t’éloigneras vite,
Frissonnant, terrifié,
Pourtant ils connaissent l’amour. »




Kate Tempest Les Nouveaux Anciens. Traduit de l’anglais par D’ de Kaball et Louise Bartlett. — Paris, L’Arche, 2019. Coll. « Des écrits pour la parole », 64 pages, 12 €

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