Rallie rêve

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Après avoir goûté son incipit, on pourra s'attarder à plusieurs aspects du roman Le Pote de Germain Rallon. Pour aujourd'hui, contentons-nous de remarquer sa juxtaposition remarquable.

Rallie rêve. Il revit, par la pensée, sa dernière permission. avant le départ au front. il revoit, là)bas, si loin, perdus dans l'immensité sombre, son hameau, ses amis, son amante de la veille, une jeune paysanne au corps robuste, aux cheveux roux ébouriffés, aux yeux trop clairs, au rire insouciant éclatant entre ses dents blanches. Puis viennent les dernières minutes de permission, les adieux qu'on redoute, la mère qui s'accroche pour faire, d'une voix coupée, ses dernières recommandations, les gorges qui serrent, les yeux qui se mouillent, le père qui essaie de réagir et qui, le regard à terre, gratte obstinément du fer de son sabot, une touffe d'herbe verte, le brusque départ, pour couper court, pour en finir, les copains qu'on retrouve, le train qui roule, le bidon qui se vide, les lumières qui retournent très vite, là-bas, vers le pays, les refrains qui fusent, le sommeil qui vient, malgré tout, profond et lourd, secoué par le martellement continuel des roues aux jointures des rails.



Germain Rallon Le Pote. (Illustration de couverture de Maurice Benézech) — Thénezay (Deux-Sèvres), s.n. (Imp. A. Chopin), 1938.



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