Quand j'étais plus jeune, les héros à passions et à sentiments extraordinaires me plaisaient beaucoup. Leurs vices, leurs attitudes et leurs aventures m'intéressaient. Aujourd'hui, ni le jeu de l'imagination, ni la force des caractères, ni les actes de bravoure ne m'étonnent plus. Je m'ennuie devant les paysages éblouissants du Caucase et devant la majesté de l'océan.
Seuls notre nature grise, les petits bois perdus, le ciel triste comme un orphelin et les humbles gens anonymes peuvent encore attendrir mon coeur.
Ilya Ehrenbourg La Ruelle de Moscou. Traduit du russe par Y. Siderski. — Paris, Les Revues, 1930 ; Le Livre de Poche, 1974.