Chimères, par Basile Sainte-Croix (Editions des Quatre-Chemins.)
Il faut être attentif et sympathique au genre du poème en prose. C’est tantôt un laboratoire de recherches pour la langue littéraire, tantôt une gymnastique pour la maintenir en forme, quelquefois même une Réussite.
Ce petit livre tient des trois aspects. Il a d’ailleurs plus d’unité que n'en présentent d’ordinaire de tels recueils. Il a un sujet qui me parait être le tour du monde d’un jeune matelot de notre marine de guerre.
C’est dire l’abondance et la variété des images. Elles recomposent un monde, un monde plus étrange, plus drôle, plus mélancolique que le réel, un monde lyrique. Le lyrisme de M. Basile Sainte-Croix est toujours original, souvent puissant.
Dirai-je ma préférence ? Elle va aux plus simples de ces poèmes, par exemple à la vision des tartares sur le Tage. — H. C.
Le Jour, 9 mars 1935
Chimères, par Basile Sainte-Croix (Editions des Quatre-Chemins).
M. Basile Sainte-Croix publie les premiers poèmes en prose qu'ici avait écrits, essais d'un écrivain qui cherche sa forme, premières gammes. Il avoue se rendre compte de l'insignifiance de certains.
Cette publication lui parait pourtant nécessaire comme une introduction à son oeuvre. Il livre ces poèmes (tels quels, confiant qu'ils portent en eux mon prélude à cet « autre rythme » qui, pour quelques-uns, domine irrémédiablement celui de tous les jours).
J'ai cité à dessein cette définition. Elle éclaire d'une lumière vive la vie véritable des poètes. Pour ces enchantés, les habitacles de l'existence quotidienne sont des notes mineures qu'ils perçoivent à peine. Leur pensée s'accroît, s'enrichit et s'exprime sur un rythme nombreux, dont ils ont semis le secret, et qui leur permet de monter vers des idées plus hautes sur des ailes plus légères. Leur tête baigna dans le soleil. Les grands rythmes sont des degrés ; on ne peut s'élever que par cet escalier étincelant. La musique et la poésie sont les moyens d'expression par lesquelles se manifestent les hiérarchies de l'esprit. Enfin, les esquisses de M. Basile Sainte-Croix révèlent un don de peintre. — Maurice Clavière.
Comoedia 28 janvier 1936
Et toujours :
Basile Sainte-Croix Dépêches au cerf-volant. — Paris, Le Dilettante, 2001, 320 pages, 21 €