Continûment ils existent

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Si mes héros, qu'ils se nomment Cagnieux, Gaydamour ou Feuillauvent, sont toujours ce qu'on appelle de petites gens, c'est parce que je les ai sous la main, près de moi et dans le coeur. Il m'est agréable - et nécessaire - de rappeler continûment qu'ils existent, ce qu'ils n'ont pas le loisir de faire eux-mêmes. Ils sont très occupés d'autre chose, ils vont de leur maison à l'usine et de l'usine à leur maison, car ils travaillent beaucoup, ils se couchent de bonne heure, on les aperçoit à peine, bien qu'ils soient des millions. Ils sont la modestie même. On les inscrit à la naissance sur une registre, on leur donne même un livre t militaire, et puis, un jour, on les raye du registre. En somme, c'est comme si rien ne s'était produit. Je trouve que cela vaut la peine de parler un peu d'eux tous, et puis c'est encore une façon de parler de soi-même.


Henri Calet répondant à Claudine Chonez, au Programme parisien de la radio, en janvier 1949.


Henri Calet Je ne sais écrire que ma vie. Edition établie et présentée par Michel P. Schmitt. Préface de Joseph Ponthus. — Lyon, Presses Universitaires de Lyon, 256 pages, 20 €

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