Belfastxit

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Sera-ce le chaos de nouveau ? Le Brexit et ses contorsions douanières semble le garantir...
Il paraît en tout cas opportun de lire

un livre-enquête de l'Américain Patrick Radden Keefe sur les troubles des années 1970. Abordant son sujet par l'affaire Jean McConville, l'enlèvement et la disparition d'une mère de famille catholique soupçonnée d'être une moucharde, affaire jamais résolue par la police malgré le fait que tout le monde connaissait les coupables, mais que l'omerta à l'irlandaise fonctionna irrémédiablement.
Tandis que brûle à nouveau le torchon entre les Unionistes et la police, émeutes qui menacent la paix précaire de la région, le journaliste du New Yorker, s'est attaché à établir l'histoire du conflit nord-irlandais du début des années 1960 jusqu'à la vague d'attentats portés en terre anglais, les grèves de la faim des Blanketmen et la mort de Bobby Sands que personne n'a oublié, y compris en France.
Révélant des faits qui étaient restés dans l'ombre grâce au matériau recueilli durant des lustres par des universitaires et par lui-même, son livre Ne dis rien est une somme de récits parfois bouleversants de destins heurtés, cruels mais aussi sadiques ou criminels, d'une humanité qui avait toutes les raisons de ne pas imaginer possible la sérénité.

Arthur McAllister était un vendeur de jouets. Il louait un appartement au rez-de-chaussée d'une élégante demeure en brique, sur Myrtlefield Park, dans un quartier de la classe moyenne en périphérie de Belfast. Même au plus fort des Troubles, on pouvait parfois avoir l'impression dans les faubourgs verdoyants de la ville, que le conflit sectaire et les fusillades entre paramilitaires restaient principalement un phénomène de la classe ouvrière, qui affectait peu les circonscriptions plus stables et aisées de la région. (...) C'était un petit homme tatillon, toujours rasé de près, les cheveux soigneusement coupés. Il arborait une tenue qui pouvait paraître inutilement guindée pour sa profession : McAllister n'était qu'un démarcheur, après tout, mais quand il partait travailler son costume trois pièces lui donnait l'allure d'un banquier.
(...) Alors que les véhicules s'immobilisaient dans un crissement de freins, des soldats et des policiers en bondirent pour s'engouffrer dans la maison. Il s trouvèrent Mc Allister et le plaquèrent contre un mur. Outré, l'homme clama son innocence, se plaignant de cette intrusion des autorités chez un cviil qui n'avait rien à se reprocher. Mais les forces de l'ordre n'avaient pas l'air de croire qu'il était réellement vendeur de jouets, ni même qu'il s'appelait McAllister.

L'Histoire est pleine d'histoires... Et ce sont toujours de sales affaires que ces territoires que plusieurs communautés ne parviennent pas à partager. Les historiens des colonies françaises ou de la Palestine en savent quelque chose...


Et pour l'occasion, ce billet aura sa bande son avec les punks de la ville, Stiff Little Fingers Peel Session (Suspect device, Johnny Was, Law and Order, Barbed Wire Love, Wait and See, At the Edge, Straw Dogs, Nobodys Heroes)''.



Patrick Radden Keefe Ne dis rien. Meurtre et mémoire en Irlande du Nord. Traduction de Claire-Marie Clevy. — Paris, Belfond, 2020, 22 €

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