G.-L. Manuel frères et le roman illustré par la photographie

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Reportage instantané
G.-L. Manuel Frères n’est pas un titre de firme, mais les noms accolés de deux véritables artistes.
Gaston est plus grand que Lucien, et Lucien, par le même fait, plus petit que Gaston. Ils sont frères Siamois dans leur studio ; autrement, on peut fort bien rencontrer Gaston sans Lucien, et pour la même raison, Lucien sans Gaston.
Très souvent on appelle Lucien Gaston, et Gaston Lucien, mais ils rectifient d’eux-mêmes. Les malins disent simplement Monsieur Manuel, et ils sont sûrs de ne pas se tromper.
Révolutionnaires certes (leur boutonnière est teintée de rouge) que de têtes couronnées et princières tombèrent sur leurs plaques sensibles !... A vrai dire, bien des hommes politiques furent exécutés par eux, ce qui leur permet de se proclamer tout aussi bien réactionnaires. En fait, pour échapper aux représailles, l’un et l’autre se cachent dessous un voile noir, derrière lequel il vise la victime qui généralement sourit.
Cette douce mort vers la Postérité attire les jolies escadrilles des vedettes.
A la suite des illustrations qu’ils firent pour le « Roman Expérimental », de André Carme, le premier roman illustré par la photographie (1), notre confrère d’Artagnan les propose pour le prix Goncourt {sic).
Il faut que les académiciens apprennent ce fait incroyable : Gaston Manuel a découvert dans Paris une femme ayant encore des cheveux longs et naturellement blonds, s’il vous plait. Ça, c’est plus « callé » encore que de décerner un prix lit téraire !
M. Georges Dutheil écrit, dans Midi-Journal : « Le Roman Expérimental est illustré, mais point par un dessinateur, ce qui devient banal et agaçant. C’est au studio G.-L. Manuel Frères qu’on a composé des pages d’une intelligence extraordinaire. L’esprit se fait lumière, la vérité se fait chair, la science porte le rêve. »
Voici G.-L. Manuel Frères, incorporés dans le monde des stylistes, car le style, après tout, n’est que la qualité de l’expression.
Charlotte Davy




L'Alliance littéraire, janvier 1932, n° 1, 3e année, janvier 1932, p. 4.




(1) Assertion complètement fausse (cf. les travaux de Paul Edwards) (Note du Préfet maritime).


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