Attaque nocturne

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Attaque nocturne

— Au secours ! à moi ! on m’assassine !
Dans l’ombre, un corps-à-corps s’était engagé. Trois contre un, des souteneurs venaient de surprendre un passant attardé, bourgeois inoffensif revenant de quelque soirée familiale, et, sans crainte des agents dont on n’apercevait pas l’ombre classique, d’un bout à l’autre du boulevard de Belleville, entre les deux rangées de becs de gaz aux lueurs pâlottes, semblables à de grands cierges, Ils s'acharnaient sur leur victime.
C’était un homme d’une cinquantaine d'années, gros et court, grisonnant, au visage coloré, bien mis, l’air distingué.
Les trois bandits avaient affaire à forte partie, car, jugeant la situation désespérée, et pensant qu’aucun secours ne lui parviendrait à la minute suprême, le passant se défendait courageusement. Il s’était accoté contre un arbre, et faisait le moulinet avec une grosse canne, la seule arme qu'il eût en sa possession.
Tandis que deux de ses agresseurs l’attaquaient de face, le troisième cherchait à se faufiler derrière lui, pour le frapper d’un coup de poignard entre les deux épaules, estampille bien connue des Apaches de Paris.
Au bruit de la lutte, une fenêtre s’ouvrit et se referma.
Prudent, l’habitant de ces parages qui avait en tendu l’appel désespéré de l’homme attaqué, jugeait prudent de ne pas se montrer, car les duels de souteneurs ressemblent à ceux des journalistes en ceci, que ce sont les témoins qui sont généralement blessés.
(...)



Marius Boisson La Reine des Apaches. - Paris, A.-L. Guyot, 1903, 179 pages. "Collection A.-L. Guyot" (n° 131).

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