Jean Viollis (1925)

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Dans la petite cour de ce collège provincial, Séverin va languissamment d'arbre en arbre ; il jouit de sa rêverie et du soleil. Octobre : ces chaleurs tardives et délicieuses, où se répandent les dernières flammes de l'été, où vibre déjà le subtil frisson de l'automne. Le léger ciel bleu baigne les maisons sa lumière se dore et se volatilise autour des tuyaux noirs qui surmontent les cheminées elle pénètre ainsi qu'une blonde fumée le feuillage des acacias. Et Séverin s'étonne, avec une mollesse exquise, d'être tout attristé de clartés et d'odeurs.
Il marche, un peu ému de ses douze ans précoces, à la fois heureux et fâché d'être sans pensée, de savoir regarder le beau ciel entre les feuillages, et de sentir parfois à son visage les souffles de parfum qu'exhalent les arbres mourants.
Ses camarades, dans la cour, jouent avec tapage. Un petit garçon, dont le visage excité se perle de sueur sous les cheveux roux, court vers lui et crie au passage
– Petit-Cœur ! Viens-tu jouer au paranquet ?
– Non, merci, c'est trop fatigant.




Jean Viollis Petit-Coeur, roman. Paris, Société du Mercure de France, 1903.



Illustration du billet : Excelsior, 25 août 1926

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