Les Tortues (chapitre III)

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Je ne sais pas si nous dormîmes beaucoup de la nuit. Maccaïbo, ce noir de Goa qui nous dépassait tous de la tête et des épaules, s'agitait en geignant ; on aurait cru qu'il jouissait. Il couchait juste au-dessus de moi. Pour la première fois nous n'avions pas éteint la veilleuse. Voulions-nous éclairer nos rêves ?... Bazire dit que le capitaine entra dans le poste vers minuit et se tint sur le seuil longtemps, immobile, respirant seulement un peu fort, attentif, qu'il avait l'air de supputer la vérité de nos âmes dans notre sommeil ou nos songes. Je ne le vis pas. Près d'une heure, toujours selon Bazire, le capitaine Eckardt demeura ainsi, fixe et droit comme une vigie, le visage presque cruel à la lueur de la petite lampe ; puis il s'en alla mais on l'entendit un grand moment encore rôder le long de la coursive, parlant seul.
(...)





Loys Masson Les Tortues. — Talence, L'Arbre vengeur, 2021, « L’Alambic », 306 pages, 17 €

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