Un poème d'Angria

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Par temps humide et chaud, rien de tel qu'une page de livre ouvert au hasard.
Ce jour, c'est un "poème d'Angria", de Patrick Branwell Brontë issu de la nouvelle édition illustrée du Monde du dessous de la fameuse fratrie, servie par Patrick Reumaux. Un livre désormais classique, réédité en version illustrée sous couverture à reflets. Un must dont il va être difficile de se passer... Ceux qui ne connaissent pas encore Patrick Reumaux trouveront sur l'Alamblog des informations, mais pour donner rapidement un aperçu du personnage, commençons par expliquer qu'il a traduit les Powys, les Brontë, A-Swim-Two-Birds et quelques autres chefs-d'oeuvre de la litétrature anglo-saxonne. Patrick Reumaux est aussi romancier, spécialiste du champignon et d'André Dhôtel et, ça n'est pas le moins, directeur de la magnifique collection consacrée à la nature des éditions des Belles-Lettres : "De Natura Rerum". Une référence en somme.


Le Crépuscule trouve la maisonnée assise...

Le Crépuscule trouve la maisonnée assise
En cercle autour des ombres
Fugitives du feu où sourires et propos
Circulent librement.

Bien que les vents tonnent dans la cheminée
Que les rafales de pluie viennent battre les fenêtres,
Songes et contes recommencent,
Merveilles et craintes nous font signe.

Même quand notre demeure est calme et solitaire
A peine troublée par les soupirs d'un coeur malade
Il nous reste le plaisir de réconforter
La tête qui ainsi s'afflige sur sa couche

Et bien que nos paupières semblent mouillées de larmes
L'espoir est toujours l'hôte de nos coeurs,
Ils se sentent apaisés si la douleur s'endort
Et si le mal se mue en sourires

Quand bien même la mort — oh, lointain soit ce deuil —
Viendrait dissoudre son argile,
Quand bien même ce visage ne verrait plus le jour
Entre les planches de son cercueil,
Nous ressentirons toujours ce clame sacré.
C'est que notre amour ne craint pas la mort
Et que sous la pierre qui nous couvrira
Nous serons tous aussi autour du feu.
Mais nos yeux, nos yeux se comprennent
Et se mouillent de larmes, comme
Dans le ciel vogue l'ouragan
Sifflant de tous ses vents lugubres

C'est que nous pensons tous au voyageur aimé,
Là-bas dans les tempêtes, séparé
De son foyer, condamné à errer au loin,
Les dangers inconnus qu'il court nous font peur.

La vue de sa chaise désertée
Nous fait songer à lui, peut-être épuisé,
Crevant de faim dans une région hostile
Et murmurant pour nous quelque faible prière.

Et quand nous saurons que tout est fini,
Qu'il est mort là-bas, sur ces rives étrangères,
Jamais notre foyer ne sera plus joyeux
Car ce sont ceux qui restent qui pleurent.


Pour donner quelque raison supplémentaire d'acquérir l'opus, voici les pièces contenues dans ce volume familial de Brontëana illustré : Préface : Vie et œuvres de Solala Vernon, par Patrick Reumaux
Charlotte Brontë : Nous avons tissé une toile à l’enfance
Patrick Branwell B. : La vie est un sommeil passager
Emily Jane B. : Géraldine, la lune est pleine
Anne B. : Nous savons où la neige est la plus profonde
Table des illustrations Index des premiers vers et des premières lignes pour les textes en prose

Fratrie Brontë Le Monde du Dessous. Poèmes et proses de Gondal et d'Angria. Edition et traduction de Patrick Reumaux. — Paris, Les Belles-Lettres, XXXIV-200 pages, 21,50 €%

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