Onze heures sonnent

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Jacques Blanc (1929-2021), journaliste (La Croix), écrivain et éditeur a disparu ce printemps. Il laisse deux romans intéressants des années 1961-1962.

Onze heures sonnent si j'ai bien entendu, là-haut Dorothée dort je suppose, onze heures ou pas loin ou quelque chose comme, assis les jambes droites parfois je ne sais plus, parfois, il faut que je vous dire, il me suffit de peu : l'humidité, l'odeur ou autres phénomènes atmosphériques, ou encore l'heure qui sonne, parfois un son comme celui d'une cloche lointaine que d’habitude je n'entends pas, en quelque sorte multiplié par une atmosphère plus pure ou au contraire plus humide, ou à cause du vent ou du degré de température, ou ces différentes causes jouant ensemble, arrive avec une intensité donc exceptionnelle, me fait dresser l'oreille, je me dis tiens ! une fois déjà, ou peut-être une ou deux fois, essayant de compter les coups sans y parvenir, comme ce soir onze heures ou quelque chose du même ordre, ne sachant plus si j'ai commencé à partir du troisième iou du quatrième coup, dix, onze ou douze peu importe, le même son oublié depuis retrouve ce soir après plus de deux ans g^race à l'humidité ou à la température ou d'une autre qualité de l'air à cause d ela saison, la tonalité d'un autre soir, me frappe l'oreille et il n'en faut pas plus, malgré un tout autre concours de circonstances hormis celle-là, pour que, dormant ou non, ce bruit de cloche véhiculé me conduise à découvrir que je n'étais pas éveillé à ce moment-là mais endormi, que je venais tout juste de m'endormir lorsque dans le calme relatif mais suffisant par la fenêtre ouvert, ce son faible mais inhabituel me fit rouvrir les yeux. (...)





Jacques Blanc Gaëtan Brusse. - Paris, Denoël, 1962.



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