Il y avait La Doulou de Daudet, il y a maintenant aussi la "Douleur" de Jim Harrison.
Douleur (2)
Voilà un an que la douleur est
au volant, zigzaguant de droite et de gauche.
Ca coûte une fortune, que je n'ai pas,
d'essayer de s'en débarrasser. Peut-être qu'une fille
pourrait me soulager ou davantage de vodka mais j'en doute.
Ou un voyage sous les tropiques où la douleur bouillirait
(comme toi l'été dernier dans le chalet bru^lut où au réveil
tu t'es pris pour du corned beef mijotant dans une casserole.
Tu as envie de laisser tomber, de jeter l'éponge, mais tu ne peux pas, car tu est otu ce que tu as.
On devrait peut-être t'achever comme un vieux chien
comme Mary notre cocker bien -aimée qui
paralysée approche de la fin. Contrairement à moi
elle est heureuse la plupart du temps. En promenade
elle ne cesse de tomber et je la relève pour qu'elle marche encore. Elle paraît sourire.
Aucun de nous deux ne veut mourir
alors qu'il y a du travail à faire,
des créateurs à surprendre,
de la nourriture à manger, un ruisseau à traverse,
mais j'espère demander enfin à Dieu de m'expliquer
pour de bon le sens de Verdun et de ses 300 000 morts.
Jim Harrison La Position du mort flottant. Traduction et postface de Brice Matthieusent. — Genève, Héros-limite, 127 pages, 18 €