Les Tortues (chapitre XVIII)

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Il y eût les effluves d'un port derrière l'horizon. Comment naviguions-nous ? Qui avait la main sur les points cardinaux dans la barre ? Nous l'évitâmes. C'était un pays transparent où les hommes aimaient, où ils étaient satisfaits, sages et tendres : il nous était interdit. Il y eut un foisonnement, un frémissement d'épices et d'air léger : un autre port. Il était enveloppé comme une femme riche dans la soie de son après-midi. L'étreinte ! Ah étreindre, redevenir des humains! Y avait-il encore en nous ce rêve de possession blotti sous la cardasse ? Un vieux mot inutile rouillait dans l'embrun : l'ancre. La chaîne en était brisée. Rien ne mordrait jamais en notre faveur le corail de la prévenance. Le sel, le feu sur notre peau : elle ne s'apaiserait plus sous l'huile douce de la peau des femmes ni même sous la rosée du sommeil, à terre, parmi les arbres...
(...)





Loys Masson Les Tortues. — Talence, L'Arbre vengeur, 2021, « L’Alambic », 306 pages, 17 €

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