Vautrages et dézingages

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Tandis que miss Marilyn Coulon nimbe de sirops et de sauces les médias qui prennent ses versifs pour des scansions, des poètes sarclent, bêchent et binent pour extraire du sol langagier quelques fruits et légumes inouïs. C'est bien le principe, n'est-ce pas ? Faire du vieux neuf avec du vieux vieux. Certains prétendent faire du moderne, on compte sur les doigts d'une patte de tortue ceux qui y parviennent. Et puis il y a les rigolos qui s'amusent quoi qu'il arrive. Certains ce sont rassemblés en chapelle, font revue, font même des revues, comme TXT.
Adoubée par Christian Prigent, Typhaine Garnier, qui porte déjà un patronyme de classique, c'est pratique, et copréside à la destinée de TXT, a donné avec Massacres un petit jeu

Pour l'exemple, voici les premiers vers de "Clair de lune" de Verlaine :

Votre âme est un paysage choisi
Que vont charmant masques et bergamasques
Jouant du luth et dansant et quasi
Triste sous leurs déguisement fantasques


Ci-dessous, la version révisée par la sonique Typhaine Garnier
(Le poème est devenu "Nul de Coeur") :

Vautrage entre paysannes moisies, Cochons, vaches massacrées, bergers basques.... L'Dom Juan du cru, en troussant fait lazzi, Teste souris d'église au menton flasque
(...)


Et tout à l'avenant. On s'amuse bien, admettant même que la gauloiserie a toujours de beaux jours devant elle lorsqu'une "A une passante" (de la Baude) devient "Anus en pente". Marylin Coulon en piquera un fard sans doute et Miss Garnier ne passera pas à la tévé.... D'autant que cette insolente n'épargne aucun de nos grands poètes : Ronsard, Mallarmé, etc, cherchant à faire jouer autrement les syllabes et les formes. On ne prête qu'aux riches et on ne s'en prend vraiment utilement qu'au patrimoine. Puisse-t-elle tout de même se charger dans un prochain volume des poètes (et poétesses) contemporain(e)s. Voilà qui nous réjouirait aussi - nous pouvons d'ailleurs indiquer plusieurs pièces majeures (dans tous les genres, y compris pitoyables) à maltraiter. Ça aurait de la gueule, autant d'audace, puisque, à rester dans l'amusement sans offense, on risque de rater la vraie boulette massacrante.

Demain la suite.



Typhaine Garnier Massacres. Postface de Christian Prigent. — Caen, Lurlure, 2019, 112 pages, 15 €

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