Paul Scheerbart en Pays habitables

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On se souvient avec beaucoup de plaisir des lectures que nous eûmes la possibilité de faire grâce à La Main de Singe, la revue de Dominique Poncet. On y avait trouvé la première fois trace du nom de Paul Scheerbart (1863-1915), dont la traduction était alors mise en oeuvre par les éditions Circé, à Strasbourg (1). Depuis ces vertes années, le souvenir de l'utopiste Scheerbart était resté quelque peu encalminé et c'est une bénédiction que la revue de Joël Cornuault, Des Pays Habitables nous rende un accès à des écrits inédits de l'architecte de verre...

« Veuillez être discret », dit M. Kasánek, « c’est ici que se réunissent les rois secrets du monde. »
« Bien sûr », répondis-je en parlant tout aussi bas que lui, « je suis tout à fait disposé à assister à ce numéro, mais… »
« Monsieur », murmura vivement M. Kasánek, « n’oubliez pas où vous êtes : dans la salle attenante se réunissent les rois secrets du monde. Des expressions comme “ce numéro” sont à proscrire ici. On ne parle pas de manière méprisante d’une cérémonie qui revêt une signification profonde. »
« Eh bien », répondis-je tout bas, « conduisez-moi donc à ces joyeux compères. » (« Interdiction de rire »)

Et des joyeux compères, il n'en manque pas dans ce numéro. Outre Scheerbart - qu'il faut découvrir, on insiste, dans ces exercices de contes et poèmes -, son fan Walter Benjamin et Jacques Kablé-La Chapelle pressant lui aussi à sa lecture, on trouve en ces pages une étonnante correspondance entre Thoreau et Elisée Reclus - qui l'eût cru ? - et ce vieil Edouard Fournier ont les chroniques restent d'un exotique parisien délicieux. Mais ce numéro illustré de "nouvelles extravagances de Gabrielle Cornuault et quelques collages de L’Ève cosmique", nous sert aussi des réflexions de écrits de Jacques Lêbre et d'Aimé Agnel, ainsi que des pensées d'Anne-Marie Beeckman, sur Pierre Peuchmaurd par exemple, ou sur le haïku selon "Torahiko Terada qui, dans son livre L'Esprit du haÎku, rapporte une fait assez amusant - la tengeante toujours - qui relève que le nombre d'auteurs de haïku, de haïjin qui se suicident est insignifiant en regard de celui des poètes qui n'en écrivent pas. Cela me semble couleur de source, commente A.-M. Beeckman, dans le haiku, il y aune relativisation du je, une dissolution du je dans les choses observées."
Il se pourrait bien que Des Pays Habitables soit, de notre époque, l'une des revues vraiment habitables.


Sommaire complet du numéro 4 :
Paul Scheerbart, Contes & poèmes
Walter Benjamin, Sur Scheerbart
Jacques Kablé-La Chapelle, Scheerbart. Matériaux d’un rêve
Aimé Agnel, Premières images
Julien Nouveau, Mondement
Jean-Luc Peurot, Lettre à Raoul Hausmann
Anne-Marie Beeckman, Les Haches
Jacques Lêbre, Pierres
Pierre-André Latreuille, Histoire naturelle des Coléoptères
Nicolas Eprendre, Henry David Thoreau-Élisée Reclus. D’une rive à l’autre
Édouard Fournier, Le Pont-Neuf
Gilles Ruard, Carte postale n° 7

Des Pays Habitables
Septembre 2021 86 pages, 13 € Diffusion : Pierre Mainard éditeur.



NB Une soirée consacrée à la revue Des Pays Habitables aura lieu le vendredi 26 novembre 2021 prochain, de 19h à 21h à la médiathèque Hélène Berr (70 rue de Picpus 75012 Paris, métro Daumesnil, Nation ou Picpus)


(1) Paul Scheerbart L'Architecture de verre, traduit de l'allemand par Pierre Galissaire. Précédé de La sobriété barbare de Paul Scheebart / de Daniel Payot (Circé, 2013, 159 pages, 8,20 €)

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