La Grève des machines

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On n'avait pas dit un mot d'Antonin Seuhl depuis fort longtemps. Il eût été dommage de négliger le fait que Cynthia 3000 s'était tant enthousiasmé pour son Patati-Patata, de la même manière que La Ronde de nuit s'est emparé de sa Grève des machines. Ce roman publié en 1924 par La Baudinière est une plaisante évocation des roaring twenties dont les trépidations eurent assez de conséquences, comme l'on sait. Et Fritz Lang ne dira pas autre chose, mais d'une toute autre manière, avec Métropolis trois ans plus tard, en 1927...
Il ne serait pas bien séant de révéler toute l'histoire tramée par Seuhl ici, mais il faut préciser pour éviter les confusions ou les a priori qu'il n'est pas question de martiens ou de pure SF, seulement un histoire sautant sur l'hypothèse d'une révélation scientifique bien curieuse qui aurait, comme chez Théo Varlet (La Grande Panne) et quelques autres, la particularité de dénaturer un certain nombre de processus mécaniques et même naturels. Mais tout cela est surtout prétexte à satire et à badinage : on s'aime dans La Grève des machines et on galope comme des dératés, surtout si l'on appartient au Club des Agités (l'exact contraire du Club des Neurasthéniquesn quelque sorte), lequel Club s'est bâti sur un

idéal d'agitation continue, de fièvre permanente, de trépidation bien heureuse, de splendide tourbillonnement"

Cette gesticulation, n'est-elle pas signe d'une vitalité que valorisent toujours, et depuis des siècles, les tenants de la course au vide ? Aujourd'hui encore on nous vante une prétendue start-up nation et une croissance (cousine de feu le "progrès") qui irait comme un gant à ce Trépidex aussi remuant que vain ? La petite Gamine, quant à elle, frappée par "la divine commotion du printemps", a compris qu'il valait mieux cultiver ses carottes que de "faire". Surtout si c'est pour faire n'importe nawak, comprenne qui peut.
Voici un bel et digne classique de la décélération.


Antonin Seuhl La Grève des machines. - La Ronde de nuit, 2021, "Les Tombés du ciel", 231 p., 10 €

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