Récemment disparu, Petr Kral (1941-1920) était un poète doublé d'un critique cinématographique (1). La réédition de la première partie de son travail sur le cinéma burlesque, héritier des tréteaux de la foire et préfigurateur, selon Král, de l'art contemporain du deuxième XXe siècle. Charlie Chaplin, les frères Marx, Buster Keaton sont les cousins d'Yves Klein, de Salvador Dali et de Joseph Beuys, en quelque sorte.
Très documenté, l'essai est une véritable mine d'informations mais aussi de pistes théoriques. Král donnant en particulier une nouvelle importante à l'aspect psychanalytique du burlesque, et ça n'est pas triste non plus.
« Le mystère du burlesque, nous explique Petr Kral, est pour une bonne part un mystère au second degré. Genre marginal qui, surtout à ses débuts, est encore plus proche de la baraque foraine que de l’art « sérieux », le slapstick (la face burlesque pour les Américains) fait souvent naître des miracles en vertu de sa seule disponibilité et de son goût désinvolte de la démesure. Loin de ne représenter qu’une limite, pourtant, cet aspect est plutôt un de ses atouts ; il est même un des liens entre les comiques et les avant-gardes poétiques du siècle – en particulier le surréalisme – pour qui, on le sait, la modernité passait aussi par le retour à une « sauvagerie » et à une spontanéité primitives. »
Avec cette nouvelle édition améliorée, enrichie (la première édition a paru chez Stock en 1984) et fluide comme un récit, les amateurs de tartes à la crème vont se régaler en cette saison de bûches et de pâtisseries...
(1) L'« une des plus brillantes plumes de Positif », le magazine de cinéma selon Michel Ciment dans sa préface.
Petr Král Le burlesque, ou morale de la tarte à la crème. Préface de MIchel Ciment. - Lurlure, 415 pages, 25 €.