En finir avec les pleurnichous

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Nous pouvons dire, les francophones, que nous avons la chance, encore, et oui, d'avoir le Monde diplomatique.
Frédéric Lordon nous y offre un article formidable qui, même si le sujet est triste, vaut tarte à la crème dans la face des "concernés" et penseurs de bac à sable.
Son article, "Pleurnicher le vivant", nous met face à cette simple question : peut-on aujourd'hui parler d'écologie et de solutions sans prononcer le mot "capitalisme" ?
Beaucoup dans l'entourage de Bruno Latour y parviennent. C'est risible.
Ecoutons Lordon :

Entendons-nous bien : être ornithologue et prendre fait et cause pour les oiseaux depuis sa position disciplinaire d’ornithologue est une chose très belle en soi, et surtout très incontestable. Non, le problème c’est de se laisser happer sans s’en rendre compte, ou sans vouloir s’en rendre compte, par un tout autre jeu que celui de l’ornithologie (ou de la zoologie, ou de la dendrologie), le jeu politique des institutions médiatiques, culturelles, qui savent très bien ce qu’elles font quand elles élisent qui elles élisent pour ne rien dire d’embêtant — le jeu très politique de la dépolitisation. Se retrouver propulsé dans la position très politique de la pensée-à-la-hauteur-du-péril sans jamais prononcer la seule parole politique à la hauteur du péril, sans jamais dire que la Terre est détruite par les capitalistes, et que si nous voulons sauver les humains de l’inhabitabilité terrestre, il faut en finir avec le capitalisme, c’est un exploit qui mérite bien une élection. Le jeu de la climatologie concernée auquel invitent les forces de l’ordre symbolique est le jeu de la climatologie sans idée des causes, et surtout sans aucun désir de les trouver : le jeu de la climatologie pleurnicheuse. C’est-à-dire compatible.


Dès à présent luttons contre la lithophobie et lisons Hélène Tordjmann, lisons Eva von Redecker (Révolution pour la vie. Philosophie des nouvelles formes de contestation), la philosophe allemande qui, comme un oignon aux sucs trop forts, fait pleurer Le Monde des Lilivres. (Josyane est partie, Roger est resté).


Frédéric Lordon Pleurnicher le vivant.

Hélène Tordjman La croissance verte contre la nature. Critique de l'écologie marchande. - Paris, La découverte, 2021, 342 pages, 22 €

Eva von Redecker Révolution pour la vie. Philosophie des nouvelles formes de contestation. Traduit de l'allemand par Olivier Mannoni. - Paris, Payot, 2021, 320 pages, 22 €

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