Cette nuit c'est la chasse à l'homme. Quand les premiers brasiers s'allumèrent dans la plaine, le cri écorché de la sirène brûla comme un poison. Les brigades aussitôt furent sur les routes et les errants poursuivis et traqués. On entendait leurs clameurs au loin résonner dans les falaises et de brusques fusées de flammes jaillissaient au-dessus des buissons, témoignant quand c'était fait. Le feu ravageait rarement la région toute entière, cependant à la moindre alerte le gouvernement sonnait le départ des troupes spécialisées et c'était la fuite désespérée et inutile car toujours on était pris. Le vaccin contre le feu était obligatoire ; il était douloureux aussi et les hommes préféraient risque d'être flambés dan les hautes herbes. Rarement plus d'un moi s'écoulait sans incendie et une fois vaccinés les homes étaient infiniment reconnaissant au chef de son initiative.
Cette fois-ci quand l'alarme retentit, j'étais déjà arrivée au bloc des fonctionnaires. En rampant dans les tranchées je parcourus le réseau qui me séparait de ma rue, à contre courant car les bêtes, elles, allaient vers le fleuve. Le ciel sur mi claquait comme un drapeau de sang... Je m'écroulai juste à ma porte la tête sonore, et la police, à l'affût me happa. Je ne me souviens pas de la douleur mais je crus vraiment que c'était la fin du monde.
Eve Coulibeuf "Simple formalité" in Sanguines. - Paris, P. J. Oswald, 1977, p. 17.