Alterité de Namenlos

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Seuls quelques esprits lucides voulurent bien concéder que toute cette interprétation découlait de la haine aveugle que l'on vouait à Solneman -. A-t-il le pouvoir de dresser un animal au point de lui inculquer l'itinéraire à suivre dans une ville qu'il ne connaît pas et de l'amener à monter subrepticement dans une voiture sans se tromper d'heure ni de véhicule ? Même Solneman qui, à n'en pas douter, avait beaucoup de cordes à son arc, pouvait difficilement posséder un tel empire sur un animal. Des hasards malencontreux avaient dû s'en mêler, encore que la coïncidence en matière d'habillement parût extrêmement suspecte. Quoi ? N'était-il pas un tant soit peu plausible que Solneman fût malgré tout et de manière inexplicable l'instigateur de ses fâcheuses péripéties ? Tout compte fait, même ceux qui s'étaient eux-mêmes targués d'être, selon leur propre expression, des personnes raisonnables et clairvoyantes, se métamorphosèrent en esprits sceptiques et fumeux, n'excluant plus aucune hypothèse. Absolument aucune.


Le son du canon

On s'habituait à vivre avec la présence de SOlneman. A la manière des habitants des régions volcaniques qui, blasés par la permanence du danger, prennent l'habitude de vivre à côté des catères et des crevasses, qui, s'ils ne dégagent aujourd'hui qu'une fumée rassurante, peuvent, le lendemain ensevelir inexorablement la vrie de ces gens sous le feu et le tonnerre de leurs éruptions. (...)




Alexandre Mortiz Frey Mon nom est Personne, traduit de l'allemand par Jean-Jacques Pollet et Pierre Giraud. - Strasbourg, La Dernière Goutte, 352 pages, 20 €



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