Ecologie nulle part

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Il n'est plus nécessaire de présenter Rachel Carson (1907-1964) non plus que son livre majeur, ce classique qui fête son triste soixantième anniversaire en réinvestissant le 'grand format' (après avoir été vendu longtemps en poche) et dans une version augmentée : rien n'a changé depuis sa publication originale et son constat vaut toujours autant... nous n'avons pas corrigé grand chose :

Je ne prétends pas que les insecticides chimiques ne doivent jamais être utilisés. Ce que je soutiens, c'est que nous avons aveuglément placé des produits chimiques toxiques et dotés d'une puissante action biologique entre les mains de personnes largement ignorantes de leur puissance nocive. Nous avons placé des milliers de gens en contact avec ces poisons sans leur consentement, et souvent à leur insu. Si la Déclaration des droits ne prévoit pas la garantie du citoyen contre la dissémination de substances toxiques par des particuliers ou par l'Etat, c'est parce que nos ancêtre, bien que sage et prévoyants, ne pouvaient pas concevoir pareil problème.
Je prétends encore que nous avons laissé employer ces produits chimiques sans s'interroger outre mesure sur leurs effets sur le sol, l'eau, les animaux et plantes sauvages, sur l'homme lui-même. Les générations à venir nous reprocheront probablement de ne pas nous être souciés davantage du sort futur du monde naturel, duquel dépend toute vie.
Nous sommes encore bien peu renseignés sur la nature d ela menace. Notre époque est celle de la spécialisation ; chacun ne voit que son petit domaine, et ignore ou méprise l'ensemble plus large où cependant il vit. Notre époque est aussi celle de l'industrie ; personne ne conteste à son prochain le droit de gagner un dollar, quelles qu'en soient les conséquences. Lorsque le public proteste, confronté aux preuves évidentes des dégâts causés par les insecticides, on l'endort avec des pilules à base de demi-vérités. Il est grand temps de faire taire ces fausses assurances, de cesser d'enrober de sucre des faits désagréables au palais. Les risques sont calculés par les organisateurs des opérations pesticides, mais c'est le public qui les prend ; c'est donc au public de dire s'il désire poursuivre la route actuelle, et pour qu'il puisse parler en connaissance de cause, il doit être informé. Comme le dit Jean Rostand, "l'obligation de subir nous donne le droit de savoir".



Et c'est si vrai que l'on nous fait avaler de force des vélos à énergie nucléaire et des voitures de la même eau...
Batteries catastrophiques partout, écologie nulle part !
Pour suivre la logique de Rachel Carson, il est largement temps de refuser à certains le droit de gagner des euros et dollars. Et il est temps pour nous tous, parallèlement, de sortir du consumérisme béat qui nous rend si inconséquents...
Objets connectés partout, écologie nulle part !
Apparemment, ce livre qui fait figure de pierre de touche du mouvement écologique car il a conduit à l'interdiction du DDT aux USA, est ce classique de la nature qu'il serait bon d'offrir autour de nous aux plus sceptiques, aux moins intéressés, à nous-mêmes...



Rachel Carson Printemps silencieux. Edition augmentée. Préface d'Al Gore. traduction de Jean-François Gravrand, révisée par Baptiste Lanaspeze. - Marseille, Wilfproject, 2022, 323 pages, 20 € Nouvelle édition en grand format : en librairie le mai.

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