Auteur d'un volume de prose remarqué aux éditions Champ Vallon, Le Canal aux cerises (2017), le pédagogue Dupré est un délicat. C'est d'ailleurs la délicatesse incarnée. Une sensibilité à fleur de peau. Il n'a jamais aimé qu'on coupe un arbre. C'est un tempérament qui se plaît à l'agreste. Il profite de ses moments à
Sainte-Enimie où le Tarn déambule
du fond des gorges d'habits et de livres
qui me surplombent et bientôt s'effondrent
sur moi si rapidement je ne range
je le vois par cette lucarne étrange
qui ferait voir le monde où l'on n'est pas
Poète, il est observateur. Observateur, il est poète. Comme un nouveau du Bellay, comme un Jules Renard, il place toute la création entre ses pages bien soucieux de ne rien abîmer.
Cherchant où loger une chauve-souris
balbutiant son vol palpe les murs
là-haut tout près volete et virevolte
apporte à Claudio Monteverdi
son consentement d'une note noire.
On ne s'ennuie pas avec Jocely Dupré, quand bien même il n'y a rien d'autre à faire que de vivre tranquillement dans le monde tel qu'il se présente à nous, sans malice ni intention.
De mon lit dans la chambre sombre
aux murs rugueux de pierre
j'écoute la pluie battre dehors
la terre les genêts les bruyères
sangliers chevreuils et chats
Déluge - le volet restera clos
J'aime d'ici à l'abri de la maison
cette eau qui s'abat sans haine
J'aime
Pourra-t-on le nier ? Son livre est apaisant quoiqu'il porte des couleurs parfois un peu vives. Il diffuse sur son trajet des sons, des odeurs et montre parfois des carcasses de voitures. Essentiellement, il excelle dans le paysage sentimental.
N'allez donc pas piétiner ses pages-bandes.
Et attention à la fourmi.
Pour finir, soyez délicat vous aussi, trouvez le moyen de vous le procurer.
Jocelyn Dupré J'écoute le pas de la fourmi. - (Le Mazeldan 48400 Barre-des-Cévennes) Le bousquet-La barthe éditions, 48 pages, 8 €