Origine du roman policier

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C'est avec Balzac que commence vraiment le roman policier, dont L'Histoire des Treize constitue sans doute l'archétype. Ne nous étonnons pas de voir coïncider cette naissance avec le moment de l'apogée romantique : car si tout roman policier réclame l'instauration d'un certain secret, s'il pose en son départ l'enfouissement d'une vérité au coeur d'un noir dont le roman aura justement pour fonction de la tirer, le romantisme privilégie de son côté la catégorie de l'ombre, ce qui lui permet de développer toute une mythologie fascinante du criminel. Héros de l'inframonde, roi trouble de la nuit, être à la fois maudit et tout-puissant en qui se cristallisent nos peurs, mais aussi nos rêveries les plus tenaces, celui-ci possède — et c'est ce qui le rend si souverain — un statut louche. Il vit évidemment aux surfaces du monde, dans notre société, société qu'il parcourt de son avidité et qu'il écume de ses crimes : mais en même temps il semble s'enfoncer sous ces surfaces mêmes et se mettre à glisser en une profondeur sans loi et sans limites - bagne, cave, pègre, égout — qui oppose son infinie possibilité d'ouverture et d'aventure à tous les cloisonnements de l'univers d'en haut.



Jean-Pierre Richard Sur la critique et autres essais. — La Baconnière, "Nouvelle Collection langage", 168 pages, 20 €

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