Pierre Paraf
Il est peu, d'écrivains qui puissent, ainsi que Pierre Paraf se flatter d'avoir été licencié ès lettres à dix-sept ans et, à vingt ans, docteur en droit. Mais ce ne fut pas dans la tic spéculative qu'il s'engagea au sortir de l'Ecole des Sciences politiques.
On était en 1914. Au lieu de scander dès dactyles et des spondées, Pierre Paraf s'occupa à repérer, chronomètre en main, la distance d'explosion des « gros noirs ». Et, à l'étude du droit et des humanités, se substitua, pour lui la, « lutte en faveur de l'Humanité et du Droit". Permettez-moi d'user de cette appellation. Rien n'a mieux servi la cause du Droit et de l'Humanité que ne l'a fait la campagne de 1914-1918, en prouvant qu'une guerre est toujours contraire à l'Humanité en ses manifestations, et contraire au Droit en ses conséquences. Voilà une démonstration qui contribuera, je le souhaite, à l'amélioration humaine.
Donc, c'est de la tranchée que Pierre Paraf envoya à l'éditeur le manuscrit de Sous la Terre de France, oeuvre ardente et généreuse, où les vers et la prose s'enlacent harmonieusement et qui fut, a-ton dit, en une heureuse expression : « la confession d'un enfant du nouveau siècle >.
Edmond Rostand et Henri Barbusse s'accordèrent pour saluer 'le lyrisme de ces compositions', Il est des approbations moins flatteuses. Pierre Paraf publia, dans la Bibliothèque Sociale des Métiers, Les Métiers du Théâtre, histoire technique de l'organisation de nos divertissements. Son Syndicalisme pendant et après la Guerre fut honoré d'une préface du professeur Georges Renard, D'autre part, on se souvient de son, ouvrage L'Hommage à Victor Hugo composé de poèmes et pensées inédites du maître. Ces documents avaient été confiés à Pierre Paraf par son M. Gustave Simon.
Depuis, nous avons eu Plus près de Toi, transposition dans la Grèce classique. des drames, bolchevistes, et Le Général Von Morderburg, tableau de l'Allemagne d'après-guerre, où l'auteur peint les douleurs et la volupté d'un grand peuple victime d'une désastreuse tragédie.
Actuellement Pierre Parai est chef-adjoint du cabinet du haut commissaire à l'Habitation, Il fallait, pour ce poste, un homme à la fois instruit des questions de droit et accessible à, des sentiments de pitié pour les pauvres gens. Le choisir, c'était choisir le collaborateur le plus qualifié pour l'emploi qu'on lui destinait. Le cas n'est, pas fréquent dans l'Administration française.
Paul Reboux
Paris-Soir, 23 avril 1926.