Du cliché comme s'il en pleuvait

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Hervé Laroche, fameux pince sans rire, donne une nouvelle édition, en poche, de son délicieux Dctionnaire des clichés littéraires qui sera, chez les bonnes lectrices et lecteurs toujours ouvert aux côtés du Dictionnaires des idées reçues de Flaubert. C'est le même projet au fond que celui de Laroche, qui, en toute modestie reconnais-le, se paye les écrivaines et vains qui font des phrases pour faire des phrases avec les mots qu'ils trouvent non plus sur le zinc mais dans leurs "open spaces". Reconnaissons-le humblement, il arrive à tout le monde de 'faire des phrases" et de reconnaître in petto que l'usage de tel mot ne s'est imposé que parce qu'il est de bouche en bouche. Ainsi, comme le remarque Hervé Laroche, tout le monde "savoure" également à peu près tout de nos jours. Et pas moyen de payer quoi que ce soit sans que le marchand ne vous réponde "Pas de souci". SImple tics de langage d'individus qui ne savent pas que parler porte du sens, de la signification mais aussi autre chose qui les dénature parce qu'ils se laissent dénaturer sans souci de la chose, justement. Voilà pourquoi il est important de lire ce dictionnaire assez poilant qui va vous permettre de jauger rapidement de la qualité d'un texte littéraire à vous soumis : par voie éditoriale, par voie manuscrite. Ainsi, lorsque vous lirez qu'un "poêle ronronne", vous vous souviendrez de ce qu'écrivait Hervé Laroche :

Poêle : ronronne. La littérature a beaucoup perdu avec le chauffage central (pire : électrique).

Quant aux personnages "fringants", attention :

fringant : réservé aux hommes (et aux chevaux). Les femmes sont pimpantes (à employer avec précaution de nos jours).

Et ainsi de suite, la panoplie du prêt-mâché de l'auteur à deux balles s'étale sous nos yeux, et l'on constate que, oui, cette rentrée encore comportait des livres tartinés au cliché.
Au fond, si l'on réfléchit bien, la photographie a fait plus de mal à la littérature que le chauffage central.%% Comme l'écrit le sage d'autrefois, celui qui ne prend pas soin de sa langue ne prend ni soin de lui, ni de son rapport aux autres. Nous verrons un jour ce qu'en dit le bushido.
Nous lui recommandons pour une prochaine de s'intéresser au mot "pépite" qui depuis que l'a utilisé à tort et à travers le Préfet maritime dans les années 1990 est devenu - pas par sa faute, soyons clair (il ne l'utilise plus ici que pour l'exemple) - un pont-aux-ânes. Pratique pour repérer un busard, il est à éviter... Comme se savourer que nous ne saurions plus entendre.
En somme, l'outil indispensable (cliché) pour faire le premier tri dans le vomissement éditorial (image saugrenue) de la rentrée.


Hervé Laroche Dictionnaires des clichés littéraires. - Paris, Arléa, 288 pages.

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