Comme j'atteignais l'âge de seize ans, ma famille en quelque sorte éclata. Mon père quitta la maison pour rejoindre l'Espagnole dont il était épris, ce qui permit à ma mère d'épouser le pianiste qu'elle aimait depuis dix ans déjà. Mon frère partit pour l'Indochine, déguisé en parachutiste ; et, un après-midi, pendant que j'étais en classe, le vétérinaire vint piquer le fox-terrier qui mourut, déclivrant mes parents du poids de sa vieillesse aux yeux chassieux.
Anne Le Pied de loup. - Paris, La Table ronde, 1958.