Toujours d'actualité, Moscou apparaît dans un petit livre de la journaliste suisse Isabelle Cornaz. Elle y a passé quelques années et revient sur ses pas - mémoriels - avec ce patchwork de notations où dominent la neige, l'autoritarisme, l'urbanisme. Les évolutions de la vie urbaine focalisent une bonne part de l'attention de l'auteure qui regrette la récente transformation des espaces publics de Moscou destinée à amadouer la jeunesse en demande de libertés. De la ville renouvelée à l'occidentale, voilà la panacée du pouvoir (1).
Mais il y a aussi les traditionnelles cours d'immeuble en enfilade et leurs mystères, la vie collective, et même la "datcha" qui n'est certainement pas moscovite.
Le pas de côté est assumé, mieux sans doute que celui qui concerne la chienne LaÏka (1957) ou la frontière maritime nord du pays :
Parce que la datcha est le lieu du rien, tout devient possible. Une autre vie prend forme, muette, inconnue. Il faut remplir autrement le temps et l'espace. "Il n'y arien. Juste la forêt. Et la forêt est à nous." L'amour, la découverte du sexe sont gravés snas témoin dasn cette forêt terriblement dense. Les relations amoureuses tissées dans la nature ne survivent pas toujours au retour en ville : "Je n'ai mêmme pas songé à continuer notre histoire quand nous étions tous les deux rentrés à Moscou, à l'automne." La ville n'a pas seulement un autre rythme, c'est qu'à la ville, on ne se reconnaît plus : "C'est comme un autre moi, ej pense autrement, je respire autrement."
La nostalgie, la nostalgie, voici donc quel était le mobile !
Cela fait trois ans maintenant que je ne suis plus allée en Russie, alors que c'était ma maison.
Isabelle Cornaz La Nuit au pas. - La Baconnière, 2023, 80 pages, 16 €
(1) Cela rappelle tout à coup les transformations de Paris, subies, durant lesquelles les abri-bus, les kiosques à journaux, et jusqu'au mode de freinage des rames de métro ont été bouleversés sans pour autant être améliorés. Et de loin...