Huit pages vertes

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Jusque dans le monde de l’art contemporain, l’écoconception est devenu la question cardinale des activités soucieuses de préserver de la pollution ce qui de la planète peut l’être encore, tout en préservant ses ressources. Il est désormais partout question d’une « écologie mise en pratique au quotidien », comme l’indique en sous-titre le petit journal de l’« Association pour l’écologie du livre » intitulé Le Papier déchaîné. Le clin d’œil au fameux Canard satirique n’échappera à personne.
Dans son numéro inaugural (numéro zéro tiré à 3 500 exemplaires distribués gratuitement), la rédaction fait le tour des points sur lesquels les professionnels de l’édition, de l’imprimerie, de la diffusion commerciale et du transport pêchent encore largement. Songeons simplement aux encres et à leur sept métaux lourds qui font du recyclage du papier l’une des industries les plus polluantes qui soit.
Il n’est plus désormais de métier sans interrogations, sans remises en cause, sans recours aux dernières recherches sur les matériaux. D'où la rubrique sur les métiers du livre, et dans ce numéro, la recoupeuse qui mêle livre désossés et manuscrits... :

le texte ainsi recoupé est attentivement collé avec une résine naturelle sur le support final choix : pour les textes courts, les poèmes, on privilégiera plutôt les chutes de paiier sorties des bennes de recyclage ; pour les romans plus longs, des vieux magazines det journaux périmés réagrafés les uns aux autres. (... "Regarde le monde, il est plus extroarinaire que tous les rêves fabriqués ou achetés en usine, disait le texte en dessous...

Sont détaillés les cinq aspects du livre concernés : le papier, les encres, l’impression, les ajouts (colles, vernis, conditionnements, les ennoblissements comme le pelliculage, les vernis sélectif ou les dorures) et, finalement, les déplacements commerciaux, transports de marchandises et infrastructures de stockage. Entre l’inflation du prix des matières premières, la pénurie de papier (les fabricants français ont quasi disparu) et la surconsommation de cartonnages par le commerce en ligne, les rapports du livre à la bienséance écologique méritaient depuis quelque temps déjà d’être interrogés méthodiquement. C’est chose initiée. Les membres de l’association contribuent utilement à comprendre ce qui peut et doit être fait, au moment crucial où la surproduction de titres parallèle à la baisse des ventes en nombre d’exemplaires démontre que les modèles économiques réclament réforme et assainissement. Reste à découvrir dans les prochaines livraisons du Papier déchaîné si notre société de consommation qui ne parvient pas à faire la synthèse des données relatives à l’état de la planète, pourra enfin mieux établir ses priorités : lire ? manger ? survivre ? partir en croisière ?



Le Papier déchaîné (numéro zéro, automne 2023), Association pour l’écologie du livre, Librairie Le Rideau rouge, 42 rue de Torcy 75018 Paris

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