Noël Arnaud et les langues (Papillon de Lasphrise, Bechstein, Dupont de Neumours, Caradec et... Tarzan)

Sous le titre de Fondements de quelques nouveaux synthoulipismes lexicographiques et prosodiques, Patrick Fréchet (encore lui !) propose un texte plus qu'intéressant de Noël Arnaud.
L'opus, une plaquette sobre, pour ne pas dire austère, n'est pas ce qu'elle paraît être : son titre rabat-joie est en effet un cache-gidouilleries sous lequel grouillent et l'érudition et le plaisir.
Mais, pour commencer comme il se doit, c'est-à-dire par la fin, il serait bon de citer le colophon de l'objet, qui ne manque pas d'intérêt :

Achevé d'imprimer/ le 1er avril 2006/ dans les ateliers du Pradel/ ce texte inédit a été tiré/ à un petit nombre d'exemplaires/ tous hors commerce et réservés/ aux amis de l'éditeur./ Cette édition originale/ est destinée à pallier (modestement)/ les insuffisances de l'Oulipo/ qui, en trois ans, n'a pas pris le temps/ de rendre hommage à celui qui fut,/ pendant près de vingt ans,/ son Président.

Ce qui devait être dit l'est.
Nonobstant ce coup de baton sur la désinvolte institution dont le but non lucracif s'est voilé au profit de la mercatique mise en branle d'une marque (prononcer môrque, comme dans l'expression "C'est d'la môrque" — à ne surtout pas confondre avec "C'est d'l'a balle"), reste un texte un peu épatant de Noël Arnaud au sujet de la langue.

Des langues pour être exact puisque, à partir des joviales faridondaines du capitaine Papillon de Lasphrise (1555-1599), grand voyageur dont on ne connaît que quelques poèmes, on découvre Noël Arnaud à l'assaut des langues poilues, touffues, dépeignées.
Fragment délectable d'une large monographe inédite, et objet d'une conférence de 1985, ces Fondements relatent apéritivement les inventions du dit Papillon (pas l'autre), soit le sonnet en langage enfançon, le sonnet en langue inconnue et le sonnet en langage soudardant. Rien à côté du langage rossignol dont la pierre de Rosette est du naturaliste Jean-Mathieu Bechstein (1757-1822)... Sachant que Dupont de Neumours, le physiocrate himself "accélèr(a) l'introduction en littérature de la langue rossignol". Et oui.
Pour vous épater définitivement, sachez qu'il est encore question du yahou (1), de Psalmanaazaar et de la langue formosane, de la langue ouistiti, plus commune chez l'Homme, c'est vrai, en période de pleine lune et par ces jours où l'étoile du Chien nous carbonise la pilule.

NB Au sujet de Noël Arnaud, disparu le 1er avril 2003, on lira avec profit l'hommage que François Caradec a rendu dans la revue Histoires littéraires (n° 15). François Caradec qui est responsable, nous révèle Arnaud dans son texte, d'un classement du lexique tarzan par rimes...

(1) Maurice Pons a expliqué dans ses Souvenirs littéraires (Quai Voltaire, 1993) comment les bonds galopins et sylvestres auquel il procéda avec sa fratrie aida son père, Emile Pons, éditeur du grand Jonathan dans "La Pléiade", à comprendre les principes de la langue swiftienne.

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