Trois personnes photographiées près des douves chères à Loys Masson (détail)


C'est un cliché d'époque, au format 6 X 6, aux bords dentelés. Non pas une vieillerie charmante mais un document de prime importance, à nos yeux tout au moins. Nous l'avons trouvé il y a quelques années sur un catalogue de William Théry, libraire hors-pair, qui sait bien ce qui est bon.
Le cliché qui ne représente pas Loys Masson, son épouse et leur fils, nous dit aujourd'hui (18/12) le neveu de l'auteur, est collé sur la page de faux-titre de La Douve, roman de Masson publié par Robert Laffont en 1957 dont on trouve trace dans une brève d'Actualité littéraire (n° 38, septembre 1957, p. 2).

Loys Masson, pendant ses vacances, a fait un séjour en Touraine où est située l'action de son prochain roman La douve, à paraître très prochainement chez Laffont.

De fait, le livre était achevé d'imprimer depuis le 5 août. On en déduit, fine mouche, que la photo date du début de l'été 1957.
Ce roman, La Douve, a une place à part dans l'oeuvre de Masson. En effet, l'ex-rédacteur en chef des Lettres françaises y fictionne au sujet du sien séjour obligé dans ce hâvre. Bien entendu, il s'est soigneusement maquillé dans son roman sous les traits d'un vieil écrivain en bout de course et de son désir de grand-oeuvre — injouable partition, gageure, échec. Pourtant, Loys Masson lui-même ne venait-il pas de le publier son chef-d'oeuvre ? En effet, l'année 1956 avait vu paraître chez le même éditeur Les Tortues dont on n'a pas fini de parler, foi de Préfet maritime.

Quant à l'anecdote historique, La Douve ne tombe pas du ciel : replié en Touraine au moment où il ne faisait pas bon être originaire d'un pays anglophone, l'île Maurice en l'occurence, Loys Masson avait réussi à s'y faire oublier du Teuton de la wermacht.
Sa nationalité et sa langue n'étaient pas seules en cause : ce gaillard s'était voué à la France, son pays d'adoption et à sa langue au point de s'engager dans la résistance. Il avait pris fait et cause, aux côtés des communistes, lui le catholique, et avait agi au coeur même de la résistance. Cet engagement et son talent ne méritent-ils pas quelque égard ?

L'exemplaire de La Douve qui nous est tombé entre les mains est donc le précieux témoignage de la reconnaissance de Loys Masson à son exégète, Charles Moulin, à qui l'on doit le "Poète d'aujourd'hui" à lui consacré.

Quant à la gentilhommière revisitée par Loys Masson sur les traces de son passé tient presque, on le constate, du bon vieux château fort — Walter Scott et Alexandre Dumas n'auraient pas craché sur un tel décor. Loys Masson non plus du reste qui en matière d'imagination débordante en connaissait un rayon. Comme on le constatera dans quelques semaines.
Mais chut... Le Préfet maritime n'a pas fini son travail. (Et n'allez pas répéter ça à son éditeur ou il vous transforme en crapauds).

Rappel

MASSON (Loys) Les Tortues. — Paris, Robert Laffont, 1956, 287 p.
MASSON (Loys) La Douve. — Paris, Robert Laffont, 1957, 271 p.
MASSON (Loys) Les Tortues. — Paris, Robert Laffont, 1985, 185 p. Coll. "Bibliothèque romanesque".
MASSON (Loys) Les Tortues. — Marseille, André Dimanche, 1999, 211 p., 16,62 €


Dicton du jour

Un alamblogonaute sans ses Tortues n'est pas. (Li Po)



Détail et interrogation : Qui sont-ils donc ?

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