Nous nous permettons de reprendre les mots de Philippe Gindre, l'un des actifs animateurs de la revue Le Codex Atlanticus, qui nous annonçait la disparition de Francis Lacassin.
Francis Lacassin est donc mort à Paris, la semaine dernière, dans la nuit de lundi à mardi.
Difficile d'imaginer à quoi aurait pu ressembler l'édition française au cours de ces quarante dernières années sans lui. Difficile, surtout, de se représenter quel pourrait être en France le statut des littératures de genre et de la BD. Ces genres qu'il a contribué à décloisonner, dont il a encouragé la critique, mais qu'il a aussi et surtout publiés, comme le fantastique et le policier, lui doivent énormément. On pourra lire à ce propos l'article de Patrick Kéchichian paru dans Le Monde du 17 août
Pour nous, Francis Lacassin reste aussi celui qui a permis à l'intégrale des oeuvres de Lovecraft de voir le jour en langue française dans la prestigieuse collection Bouquins. Il avait également publié chez son ami Christian Bourgois, décédé en décembre 2007, un premier volume de correspondance de Lovecraft, copieusement annoté, qui faute d'un lectorat suffisant n'avait hélas jamais été suivi d'un second.
On ne saurait trop conseiller la lecture de ses mémoires parues en 2006 aux éditions du Rocher, Sur les chemins qui marchent, même s'il y parle en définitive plus des autres que de lui-même. Espérons que, comme il en émettait le souhait en conclusion de ses mémoires, il s'entend dire en ce moment même par un Saint-Pierre bibliophile : "Sois le bienvenu. À partir de maintenant tu pourras lire tous les livres que tu voudras. Quelle que soit la langue dans laquelle ils sont écrits, tu les comprendras.»
Cordiales salutations,
Philippe Gindre
1 De Orlando curioso -
Je le lisais depuis les années 60, dans "Bizarre", ou ailleurs, et j'ai beaucoup appris de lui. Je me le suis définitivement approprié lorsqu'il a publié "Tarzan ou le Chevalier Crispé" : un homme qui trouve un titre comme ça confine au génie et mérite une canonisation, pas à Rome, mais à proximité du panthéon pataphysique pour figurer à une place d'honneur dans le calendrier, et jusques à la fin des temps.
Je ne l'ai croisé qu'une fois, il y a deux ans, rue Racine, chez le Dilettante. Il parlait avec Dominique Gautier. Je n'ai pas eu le courage de m'immiscer dans leur conversation. C'était idiot (de n'avoir pas eu le courage, ou de m'immiscer dans leur conversation ? Allez savoir).
Maintenant, je sais que je ne taillerai jamais le bout de gras avec lui et ça m'attriste un peu. Mais j'ai beaucoup de livres et d'articles qu'il a publiés (ou auxquels il a collaboré) et je les relis.
Voilà. C'était "Ma vie avec Francis Lacassin" par Orlando Melancolico. Mais je ne sais pas pourquoi je vous raconte tout ça qui n'intéresse personne.
Salutations dévouées.
2 De Orlando curioso -
Je le lisais depuis les années 60, dans "Bizarre", ou ailleurs, et j'ai beaucoup appris de lui. Je me le suis définitivement approprié lorsqu'il a publié "Tarzan ou le Chevalier Crispé" : un homme qui trouve un titre comme ça confine au génie et mérite une canonisation, pas à Rome, mais à proximité du panthéon pataphysique pour figurer à une place d'honneur dans le calendrier, et jusques à la fin des temps.
Je ne l'ai croisé qu'une fois, il y a deux ans, rue Racine, chez le Dilettante. Il parlait avec Dominique Gautier. Je n'ai pas eu le courage de m'immiscer dans leur conversation. C'était idiot (de n'avoir pas eu le courage, ou de m'immiscer dans leur conversation ? Allez savoir).
Maintenant, je sais que je ne taillerai jamais le bout de gras avec lui et ça m'attriste un peu. Mais j'ai beaucoup de livres et d'articles qu'il a publiés (ou auxquels il a collaboré) et je les relis.
Voilà. C'était "Ma vie avec Francis Lacassin" par Orlando Melancolico. Mais je ne sais pas pourquoi je vous raconte tout ça qui n'intéresse personne.
Salutations dévouées.
3 De PdB -
Vous ne le savez pas, préfet, mais enfin j'ai fait des études : en Sorbonne; et monsieur Lacassin y prodiguait des cours d'image fixe, bd et photos, dont j'ai toujours gardé un souvenir sympathique (il nous avait gratifié en partiel de fin d'année de la "critique" de rahan : on s'est bien marré). Je me souviens aussi de mon pote Faroux (où est-il le bougre à présent, à réaliser ses "faites entrer l'accusé...!" : si t'es là, Bernard salut !) qui était son assistant; l'homme vivait rue Titon, moi rue Paul Bert, et (sans doute parce qu'il nous a quitté, finalement) je suis ému de m'en souvenir (je me souviens qu'en lisant sa nécrologie dans le canard, j'ai pensé aux bouquins, à cette sorte d'élégance qu'il portait toujours, son regard amusé (et ensuite au musée des arts déco en 66). Alors salut l'artiste l'intello mais vraiment, même s'il ne le savait guère, l'ami !
4 De Caracalla -
Pour ma part je serai longtemps reconnaissant à Francis Lacassin d'avoir découvert et fait paraître cet ovni biographique d'Ed Morell : "Le Vingt-cinquième Homme"!!
5 De Jean-Pierre Laigle -
J'ai appris le décès de Francis Lacassin alors que je m'apprêtais à lui envoyer pour d'éventuelles corrections mon pastiche de Tarzan, "Retour à Opar", qui paraît simultanément en français aux Ed. Erelis et en espagnol dans Delirio n°3.
Je ne voyais pas de meilleur conseiller en tarzanologie que lui qui avait consacré un numéro entier de Bizarre à ce personnage (plus tard amplifié sous le titre de "Tarzan ou Le Chevalier Crispé") et qui était à l'origine de l'émission de télévision "Tarzan a 50 Ans" en 1962 (qu'il faudrait bien ressortir de la naphtaline où l'I.N.A. garde tant de choses).
Je ne l'avais jamais rencontré, mais je lui mettais toujours de côté mes trouvailles un peu exceptionnelles, fruits de mes vadrouilles dans les marchés aux puces et vide-greniers. Il achetait aussi mes rééditions de vieilles SF et bandes dessinées. Je ne peux pas dire que j'étais un de ses amis, mais je perds plus qu'un client. Par bonheur, sa bibliothèque est sauve et ne finira pas dans les réserves des revendeurs et autres vampires suceurs de livres.
Comme Tarzan, tu es toujours en vie, Francis!