Piotrus revient

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Grâce à Denis Lavant, qui nous a indiqué l'opus, vous pourrez vous vanter d'avoir la chance de renouer avec Leo Lipski et avec son livre culte, Piotrus.

Car c'est aujourd'hui, oui, vendredi 10 octobre 2008, la nouveauté de la collection L'Alambic chez l'Arbre vengeur.

J'ai tout le temps l'impression, fausse peut-être, que les gens là-bas, ceux du vase de nuit, m'épient, se terrent comme des rats, flairent, bougent leurs petits nez noirs, avec prudence et en silence. Brusquement, dans leur chambre, éclate la radio. Mme Zinn sursaute, appelle :
- Eddi ! Eeeeeddi ! Où est la sonnette, où est-elle ?



Rappel des faits : Piotrus s’est planté sur le marché de Tel-Aviv, un panneau autour du cou :

"A VENDRE
PIOTRUS
VETEMENTS COMPRIS


L'énorme Mme Zinn n’a pas hésité longtemps : malgré son triste état, l’homme fera parfaitement l’affaire. Il aura la tâche de s’enfermer dans les toilettes tout le jour pour empêcher ses locataires d’y entrer.
Un volume d’encyclopédie allemande suffira à l’occuper. (Les lecteurs de Cabinet portrait vont en raffoler).

Que faut-il avoir subi, qu’attend-on de la vie et de soi-même pour accepter ainsi de lier son sort à un trône interdit aux voisins?
La jeune Batia qui vient le tirer de son néant et l’ensorceler le sauvera-t-elle de sa tentation de la dilution ?
Voilà, c'est une tragi-comédie sans pareille imaginée par un Polonais, héritier de Schulz et de Gombrowicz. Réfugié en Israël après une épopée militaire laminante, Lipski trouva la force de composer cette farce philosophique dans un style syncopé. Piotrus est un roman taraudant (donc inoubliable), une météorite noire et brûlante qui classe son auteur inconnu dans la caste maudite des visionnaires..

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Leo Lipski, l'auteur de ce livre-phénomène (on y passe de l'univers de Beckett à celui des Mille et une nuits salées) est né à Zurich en 1917, il grandit à Cracovie où il fit d'abord ses études avant d'être arrêté par les Soviétiques (il fuyait les Nazis qui ont exterminé ses proches) et déporté au goulag, puis, pire, à l'infirmerie du Goulag. Libéré en 1941, il s'engage dans l'armée polonaise, ce qui le mènera jusqu'à Téhéran où il contracte le typhus et se voit réformé. Il gagne la Palestine en 1944. C'est là qu'il est victime d'une hémiplégie qui va désormais orienter sa vie vers la douleur et la solitude.
Comme Joë Bousquet, il ne quittera plus sa chambre et, lisant d'abondance Platon et Heidegger, se lance dans l'écriture, tapant tous ses textes de sa seule main gauche.

Ses premiers écrits - Le Jour et la nuit (1957), Piotrus (1960) - sont couronnés de prix et traduits en plusieurs langues. Les critiques ont évoqué à son propos Kafka et Beckett, qu'il n'a pourtant lu qu'après la sortie de Piotrus. En Allemagne, Ingeborg Bachman salue son œuvre avec effusion, tandis que les lecteurs français le découvrent au début des années 70. Néanmoins, en lutte avec la maladie, il publie peu et se laisse oublier. Son dernier livre paraît en Israël en 1988.
Totalement paralysé pour finir, il est mort à Tel-Aviv le 7 juillet 1997.

Piotrus est un classique noir.

Leo LIPSKI Piotrus, traduit du polonais par Allan Kosko. Illustrations de Joko. Préface de votre préfet préféré. - Talence, L'Arbre vengeur, 2008, 176 p., 12 euros. Collection "l'Alambic".



L'Arbre vengeur annonce deux autres très bonnes retrouvailles pour bientôt :

Le phénoménal Oeil du purgatoire de Jacques Spitz d'abord. Ce dont le Préfet se réjouit car il ne cesse depuis plus de quinze ans de rabattre les pupilles de ses vaillants lecteurs avec tel Vent du monde ou... passons. L'Oeil du purgatoire est un grand Jacques Spitz, il est présenté par Bernard Eschasseriaux (parution : 24 octobre, 200 pages, 13 euros).

Les réjouissantes Ruines de Paris en 4908 de ce bon vieil Alfred Franklin dans son exploration archéologique et moqueuse. Un must de l'anticipation euphorisante (parution : 14 novembre, 112 p., 10 euros).

Nous vous tiendrons informés.

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