Et M. Dieu dans tout ça ?


Gardons-nous d’oublier qu’on Lui doit aussi le skate-board et le surf, inventés le même jour.


Il a tout fait.
Il a touché à tout.
Après la sculpture, Il s’est ennuyé durant très, très longtemps, se contentant de regarder pousser Sa barbe. Puis Il S’est convaincu qu’un peu d’activité noierait Sa mélancolie. Il a alors choisi de peindre, et, évidemment, n’a pu s’empêcher de le faire divinement : Prix de Rome en 1686, académicien en 1722, Il en a épaté quelques-uns, Antoine Dieu.
Néanmoins le milieu de l’art Le lassa, les petits gribouillis, les grandes fresques, tout ça Lui donnait mal au dos. Il choisit de prendre le taureau par les cornes et, sitôt après un stage de corrida à Tolède, S’engagea dans les troupes coloniales avec le grade de capitaine. Modeste ? Non, point trop : Il savait qu’à l’armée l’idéal est de ne pas Se faire remarquer.
Il dressa alors le Plan de Tébessa levé au Camp de Oued Mehairis le 12 juin 1842. Signé, le Capitaine d’Etat-Major, Dieu. Et l’on peut constater que, dès lors, Son goût pour la géographie ne faiblit plus (mais il suffit de regarder autour de nous pour constater qu’Il n’a pas eu Son pareil lorsqu’il s’est agi de dresser des monts originaux et de couler des océans aux profondeurs délirantes). En 1929, Il publiera, par exemple, La Mayenne, d’après les notes du docteur Dieu.
Son passage en Afrique redoubla Sa passion pour l’altérité, comme il fallait s’y attendre. Afin de convaincre les petits Blancs et les Pieds-noirs, Il rédigea (sous pseudonyme car Il n’avait cure que sa hiérarchie se préoccupe de ses activités de loisir) Mustapha, poème héroï-comique en 4 chants, suivi de diverses poésies légères, par Jules-Gabriel Dieu…
Puis les “poésies légères” le lassèrent (on peut Le comprendre). Il est vrai qu’on s’emmerde en garnison. Surtout, préoccupé par les effets néfastes de l’industrialisation, l’abbé Dieu choisit de reprendre Sa place (discrète, on Le connaît), auprès de Ses brebis. Là, on Le vit très actif et il n’est pas de semestre sans Discours prononcé par M. l’abbé Dieu. A l’église de Bourbon-Lancy, le 16 juillet 1902, pour vous donner un exemple. Il S’était entraîné à l’art oratoire un peu plus tôt lorsque, préfet de la Haute-Saône (Il en a éclusé des bourgogne et des beaujolais ! Les vignerons s’en souviennent encore) Il commit des Discours prononcés en diverses occasions par M. Dieu, préfet de la Haute-Saône, du 9 août 1857 au 9 octobre 1859 (volume 3 sur 12), les plus foutriquets n’ayant pas été imprimés (supprimés par la censure).
Les affaires des hommes étaient, quoi qu’il en soit, Son Affaire, et on le vit Se préoccuper de sujet aussi variés que Cadastre et Impôt foncier (Signé : Dieu.) ou, plus généreux encore, de la Cause. De la Sociale, quoi. On parle de Zola mais on ne se souvient pas, par exemple, de brochures militantes telles que Moralisation et amélioration du sort de la classe ouvrière (Signé : Dieu.). On ferait bien de s’y pencher un peu…
Du bon côté (évidemment bis), Il était proche du bon abbé Lemire (celui qui a prit des clous dans les fesses le 9 décembre 1893 lorsque l’anarchiste Vaillant attenta à la représentation nationale) et contribua à son oeuvre des Jardins ouvriers (toujours la terre, le paysage…), contre la peine de mort, etc. Afin de militer efficacement, Il apprit la typographie et ouvrit une imprimerie (on se demande toujours comment il pouvait mener de front tant d’activités. Quel gaillard ! On peut noter qu’Il était glabre à cette époque) afin de diffuser le plus largement Ses idées et conseils.
Manifestement proche des socialistes et des marxistes, Il lutta très énergiquement (sans jamais user de ses superpouvoirs) contre la ploutocratie et fit paraître le très célèbre Des Huiles en général et de leur industrie (Signé : E. Dieu.), pamphlet des plus acerbe (NB Il ajoute alors l’initiale de Son prénom : Emil-Kurt). De même, fit-Il pour les plus humbles ainsi que pour les femmes en leur donnant les moyens de parvenir à un emploi point salissant : Dieu (Éliane) Initiation aux claviers : dactylographie et traitement de texte
Lui reprocha-t-on assez ce guide que les féministes honnirent et fustigèrent ! Résultat, Ernest Dieu, un peu blessé tout de même, en conçut De l’Etat de mal hystérique puis, frappé par les conséquences de ce dernier livre hasardeux (il s’agissait de réparer) Justice et femme battue, sous le nom de François Dieu.
Ces péripéties de Sa pensée démontrent qu’Il est toujours resté très humain, n’est-ce pas. D’ailleurs, son passage parmi les troupes coloniales, lui avaient donné un aperçu de la vie des Hommes, Ses enfants. Notamment sur les causes qui lui firent rédiger son Rapport sur l’évolution et la prophylaxie des maladies vénériennes dans l’armée française, par M. le médecin inspecteur Dieu. Mais humain, il le fut aussi trop parfois. Ainsi de sa Notice sur les engrais humains, par Sosthène Dieu dont on se serait bien passé. Cependant nécessité fait loi, et il Lui fallut si souventes fois informer ses Fils et Filles pour les sauver de l’ignorance néfaste et criminelle. Ainsi conçut-il (à la suite de l’accident de jeunesse de la Mexicaine Frida K.) : Observation relative à un anus accidentel, guéri par l’entérotomie, par M. le Dr Dieu, une brochure publiée par la Faculté de médecine de Lyon dont on a dit parfois qu’Antonin Artaud s’inspira.
Il faut signaler ici, avant d’oublier, qu’Il aimait beaucoup à rire, et notamment avec Ses amis carabins, ainsi que mentionné (à mots couverts) dans la Complainte du carabin qui disséqua Sa petite amie en fumant deux paquets de Maryland de Son proche Nizan. De cette veine on lit encore ses Lettres sur la galactothérapie, par Firmin de Dieu (dont on fit ce sacré “nim di diou”).
De même était-Il redevenu poëte en diable comme en témoignent son Petit bouquet poétique en l’honneur de l’amitié, par Jules-Gabriel Dieu (faux-cul, il rédigea ses vers à l’intention de la belle Suzanne après qu’elle L’eût jeté. Grave même) ou ses Poésies sacrées, par J.-G. Dieu (une commande du Vatican qui perdait alors des parts de marché).
Voilà, pour faire bref, les dernières découvertes Le concernant. On sait très bien par ailleurs combien Il Se sentait père. Son sentiment maintes fois exprimé se cristallisa dans la Consultation en forme de conclusions motivées, sur l’illégalité des décrets du 29 mars 1880, relatifs aux congrégations religieuses, par M. Dieu lorsqu’il sentit venir les lois françaises sur la séparation de l’église et de l’Etat du petit père Combes. Bref, pour finir, Il a repris Son bâton de pélerin et, sous le prénom d’André, a entonné Son air favori, L’Amour avec un grand A (1999).
Tout en réservant l’usage de Ses foudres et autres fumigènes. C’est du reste pourquoi il publia sous le nom de François des monographies intitulées Politiques publiques de sécurité ; Gendarmerie et modernité, etc. Gare à vos fesses donc, puisque les desseins prochains de monsieur Dieu restent impénétrables.
Et Son oeil cosmique fonctionne toujours.
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