Jean Grave (mais bien complet)

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Le 26 septembre prochain un débat aura lieu à la bibliothèque La Rue (10, rue Robert Planquette, Paris 18e) avec Isabelle Pivert, éditrice à la marque du Sextant (Paris-Bretagne), à propos de la réédition des mémoires de l’anarchiste Jean Grave (1854-1939), plaque tournante de l’anarchie française et militant permanent.
Ses mémoires, rédigés en 1920 et publiés dix ans plus tard (dans une version tronquée) sous le titre du Mouvement libertaire sous la IIIe République. Souvenirs d’un révolté (Les Oeuvres représentatives, 1930), est, toutes proportions gardées, le journal de Léautaud de l’anarchie française. Plus ou moins. Plus politique (néanmoins plein de figures littéraires, artistiques et du journalisme : d’Anatole France à Zola en passant par Pissarro) et bien moins volumineux (quoique assez épais), une foule d’anecdotes et d’échanges de correspondance ne laissent pas de leur donner du piquant et de la vie. Il en faut du reste que la vie de Jean Grave ait été un long fleuve :
Auvergnat, il s’était établi cordonnier à Paris puis choisit de devenir typographe. Son nouveau métier le rendant précieux à la diffusion des idées anarchistes, il s’installa en Suisse pour y diriger à partir de 1883 Le Révolté, le journal créé par Kropotkine et Elisée Reclus dont le titre deviendra Les Temps nouveaux. De retour en France, il est condamné en 1894 à deux années de prison pour avoir publié La Société mourante et l’anarchie, son grand texte avec les présents Mémoires qui constituent l’une des principales pièces de l’histoire de l’anarchisme en France.
Le militant Jean Grave connaîtra cependant, au moment de rédiger ces souvenirs, une faiblesse : le mouvement anarchiste flageolait durant les années d’après-guerre (une population songeant à profiter de la vie lutte moins), et lui-même, déçu, se détachait des questions politiques. Pour autant, ses souvenirs étaient frais et les débats entre courants divergents ou le foisonnement des journaux et feuilles de chou de toutes tendances bénéficiaient d’un chroniqueur équipé de solides archives.
On ne s’expliquait d’ailleurs pas bien ce qui pouvait retarder une réédition de ce volume (soldé dans son édition Flammarion de 1973 il y a une paire de lustres), tandis que les collections de “gros poches” foisonnent : remercions donc les éditions du Sextant, qui ont produit là un livre conséquent, et conséquemment épais pour une structure modeste. Saluons l’effort et encourageons-les.


Jean Grave Mémoires d’un anarchiste (1854-1920). - Paris, Editions du Sextant, 2009, 544 pages, 28 euros


Editions du Sextant
185 bis rue Ordener
75018 - Paris
editions.sextant—wanadoo.fr

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