Labyrinthes en jardins

Labyjardins.jpg



Edith de la Héronnière n’est pas une inconnue au pays de l’Alamblog. Si vous vous en souvenez bien, elle était à l’honneur d’un billet où ses chroniques étaient vantées, justement.
Une nouvelle fois, nous n’hésiterons pas à enfoncer le clou - et à nous répéter, sans que l’âge y soit pour grand chose. Car c’est bien de la seule responsabilité d’Edith de la Héronnière seule de produire des livres qui nous plaisent toujours. Et une fois encore, nous nous sommes régalés d’un essai des plus agréable dont le sujet pourtant rebattu - d’après le sentiment même de l’auteur - nous a paru traité de manière nouvelle. La faute à notre inculture, direz-vous. Peut-être, et peut-être pas.
Peut-être parce que nous n’avons évidemment pas passé notre vie à étudier la question des jardins.
Peut-être pas, parce que, faute d’être tout à fait ignare sur cette question, nous avons (re)découvert sous la plume d’Edith de la Héronnière un double sujet toujours passionnant : et le labyrinthe, et le jardin.
Et peut-être pas non plus car la position de notre auteur trouve sa singularité dans un ton toujours égal, doux, pour ne pas dire gracieux, aimable en un mot, et d’une immense simplicité malgré la pertinence et le savant de son discours. Voilà qui repose… On se cultive aisément dans ses conditions, et l’on prend le goût de réfléchir. Peu d’essayistes nous en offrent ainsi la possibilité.
Aussi, pour faire le point (on a tous besoin de faire le point sur les labyrinthes et sur les jardins un jour ou l’autre), au moment d’errer et de se perdre, il convient de procéder en connaissance de cause. Là, Edith de la Héronnière apporte tous les éléments de réflexion diffusés depuis la haute Antiquité par les historiens et les philosophes. Elle s’arrête notablement sur le Songe de Poliphile, ce livre majeur dont on devrait tous avoir une édition à la maison, où philosopher en jardin n’est pas la moindre des activités.
En conclusion, et pour n’en pas trop dévoiler de cette promenade dans les idées et les métamorphoses de la forêt primitive, retenons cette phrase qui donne envie de se perdre dans ses cent soixante pages :

C’est précisément dans le labyrinthe que l’homme occidental peut identifier un reflet exact de sa situation dans le monde. Promeneur ou flâneur, voyageur ou pélerin, engagé dans une aventure peuplée d’embûches et d’impasses, amoureux de ces difficultés et de toutes ces petites morts grâce auxquelles il grandit jusqu’à atteindre sa dimension réelle, au jour de sa rencontre avec la grande mort. L’égarement est la clé de cette inévitable rencontre. Felix Perditio !

A quoi nous ajouterions, si nous étions latiniste et brave : Felix Lectio !


Edith de la Héronnière Le labyrinthe de jardin, ou l’art de l’égarement. - Paris, Klincksieck, coll. “L’esprit et les formes”, 160 pages, 17 euros

Ajouter un commentaire

Le code HTML est affiché comme du texte et les adresses web sont automatiquement transformées.

Haut de page