La téléphotographie d'Edouard Belin (1876-1963)

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6240623v/f26.image


La Téléphotographie

Au moment où l'Administration des P. T. T. promet de mettre au service du public, entre Paris et Stras-bourg. des appareils permettant de transmettre à distance, par fil, la photographie de véritables autographes ou, selon le terme adopté, des télautogrammes, il n'est pas sans intérêt pour les non initiés aux secrets d; la téléphotographie de faire un peu la connaissance des belles découvertes dues à leur inventeur, M. Édouard Belin. Il vient de donner, à Strasbourg, à l'amphithéâtre de physique de la Faculté des sciences, sous les auspices du Photo-Club d'Alsace-Lorraine, une conférence fort intéressante concernant ses expériences de télévision.

On sait que l'auditoire, sous le charme de la forte impression se dégageant de la parole claire et de la précision des détails techniques donnés par le conférencier qui avant de rappeler ses origines alsaciennes, ne lui ménagea pas ses acclamations les plus enthousiastes.

Bien avant 1906, M. Édouard Belin avait entrepris des expériences de télévision entra Paris et Le Havre, lorsque fut décrit et construit en France un appareil imaginé par un savant munichois, Je professeur Korn, appareil permettant de transmettre une image à distance par fil.

La photographie à expédier était, enroulée sur un cylindre mobile se déplaçant légèrement a chaque tour, suivant son axe longitudinal, et qui permettait à tous les points de l'image de passer successivement devant un point fixe. Un certain dispositif permettait d'utiliser des variations du courant électrique correspondant à l'intensité lumineuse des points de l'image au passage du repère et donnant une gamme correspondant à la somme de tous les tons dégradés allant du noir au blanc. Grâce à une propriété singulière du sélénium, ce dispositif permettait de recueillir au poste récepteur l'image du départ au moyen d'une surface sensible impliquée contre un cylindre tournant en synchronisme avec le cylindre du poste metteur. Malheureusement, certains inconvénients du sélénium ne permettent pas d'obtenir des images nettes en provoquant, des irrégularités de transmission, et le système Korn fut voue a l'insuccès.

Les travaux de télévision de M. E. Belin le conduisirent à découvrir promptement l'erreur fondamental de ce dispositif et, peu après, il était à même de construire un appareil de téléphotographique tout autre. qui est un chef-d'œuvre de belle simplicité et dont le public va pouvoir apprécier les avantages.

Pour la mise au point de ses travaux de téléphotographie, l'inventeur négligea quelque temps ses travaux pour la télévision.

Nous ne nous en plaindrons pas puisque le chmpa de ses expériences, en s'étendant latéralement, si j'ose dire, nous fait bénéficier du Belinogramme, cette épreuve téléphotograçhiquc de demi-teinte qui permet d expédier son portrait ou tout autre vue à de grandes distances et surtout d'épreuves téléphotographiques au trait donnant la reproduction de documents autographes. C'est cette première application qui, sous le nom de télaulogramme, est le mode de correspondance télégraphique vraiment pratique de demain. C'est lui qui, dès maintenant, entre dans le domaine de l'application journalière.

On conçoit aisément les immenses services que l'on peut. attendre de lui, quand on sait qu'il sera désormais possible d'authentifier l'écriture ou la signature d'un télégramme et de transmettre des caractères étrangers comme ceux de l'écriture chinoise, chose que le télégraphe Morse ne put jamais réaliser. Une très prochaine application des recherches de M. Belin sera la transmission par T. S. F. de l'image photographique ou de l'écriture autographe. Déjà l'inventeur a obtenu de forts beaux résultats par radio entre Paris et New-York.

Dans le cas de la transmission de l'écriture ordinaire, ce nouveau système apporte un perfectionnement aux procédés actuels de la radiotélégraphie.

On sait que des courants parasites remplissent l'atmosphère et qu'ils sont susceptibles de contrarier les émissions des différentes stations de T. S. F., surtout par les temps d'orage. Le système de Morse jusqu'ici employé consiste en traits et en points que la moindre perturbation peut rendre illisible par déformation. Évidemment, et il n'est, pas besoin de l’expliquer, les lettres reproduites avec leur forme caractéristique ne se déformeront pas par les interruptions au point d'être méconnaissables.

Les difficultés heureusement surmontées par E. Belin et qui consiste à synchroniser les mouvements des cylindres des appareils émetteurs et récepteurs lui ont permis d'obtenir le « brouillage » des communication à l'aide du « Crypto », autre appareil de son invention (sic). Cet appareil permet de faire subir un décalage au cylindre du poste émetteur et le message expédié ne peut être recueilli que sur un cylindre ayant subi un semblable décalage. Voilà le secret assuré à la correspondance par T. S. F.

Enfin, certains dispositifs nouveaux du fécond inventeur, le télétype, pourra bientôt être adapté au clavier d'une machine à composer typographique, la linotype.

Cependant que la machiné fondra et disposera les caractères d'imprimerie, elle perforera une bande de papier ou les lettres apparaîtront par des trous combinés. A mesure que sortira un article de journal, on pourra immédiatement l'expédier au loin.

Les bandes perforées se dérouleront à raison de deux mètres par seconde : un miroir oscillant permettra de les photographier à l'arrivée sur une plaque sensible et l'on transmettra ainsi cinq mille mots par minute.

Professeur A. Sartory.



Floréal, 7 juillet 1923, n° 27.
NB l'invention de la technique est bien antérieure. Il en est question dès 1907. (Le Préfet maritime).

Ajouter un commentaire

Le code HTML est affiché comme du texte et les adresses web sont automatiquement transformées.

Haut de page