On pouvait aisément attendre quelle soit close pour lire la correspondance électronique d'Alain Bonnnand à Roland Jaccard. Il n'y avait nulle urgence à nous balancer Le Testament syrien car Bonnand en est à meubler.
Dans ce nouvel opus, il se montre pataud, enfile des perles, des sentences de broc, fait des endives au jambon, statue (en se plantant) sur le passage dans le domaine public d’Émile Zavie (cf. apostille), nous met sous les yeux sa bien inutile existence au pays des Centre Culturel Français et autres regroupements d'expatriés (mais il joue au football, lui, l'intellectuel, symptôme bien clair de cet élitisme condescendant et faussement alerte). Tout en nous faisant bien comprendre que les femmes, hein, il les observe, les connaît, et les tient à sa pogne.
Le pauvre vieux.
Et puis, puisqu'il est français et philosophe (au moins), il fait de l'humour et se demande par exemple si les tanks syriens sont climatisés. Bonnand s'essaye à l'humour noir (une révolution ça mérite, non ?)... Son coq-à-l'âne avec Jaccard (dont on se demande bien quelles pouvaient être ses réponses) en devient vite oiseux, puis ennuyeux, puis pénible, au point que l'on regrette beaucoup sa première manière, celle de Martine résiste.
Et puis on passe à autre chose en allant chercher des livres de Cingria sur AddAll et sur Galaxidion.
Alain Bonnand Le Testament syrien. — Paris, Écriture, 128 pages, 14,95 €
NB L’œuvre de Zavie ne tombera dans le domaine que le 1er janvier 2014.
1 De tilly -
Je ne vais pas vous la jouer : avons-nous bien lu le même livre, Monsieur ?
Parce que la réponse, je pense la connaître : oui bien sûr, mais nous ne lisons pas pareil, et surtout nous ne lisons pas pour les mêmes raisons, pour le même plaisir.
Si on soustrait de votre avis (au mien, ce n’est pas une chronique) les nombreux termes négatifs stigmatisant l’auteur, sa personnalité, son mode de vie, il ne reste pas grand-chose pour se faire une idée du livre.
Avez-vous lu le "Cycliste du lundi" ? Dans l’avant-propos, François Nourissier parle ainsi de son travail de critique littéraire :
“ Puisque j’avais le choix, je choisissais le plus souvent possible un livre que j’aimais, ou que j’aurais voulu aimer. De sorte que l’esquintement, qui est bien la façon la plus lâchement facile de se tailler un succès dans la peau d’autrui, ne fleurissait guère dans mon feuilleton. Il m’arrivait de piquer une outre par trop gonflée, ou d’asticoter un magot sûr de son fait, mais j’ai toujours évité le morceau de bravoure vache, le règlement de comptes auxquels le malheureux lecteur ne comprend goutte. ”
ps - J’ai lu le "Testament" et publié une note de lecture sur mon blog le 10 novembre 2012.
2 De tilly -
ps - votre apostille, ne faut-il pas lire plutôt : ... 1er janvier 2014 (Emile Zavie mort en mars 1943, année civile en cours + 70 ans)
Bonnand écrit (il mentionne en passant, plus qu'il ne statue) "(L'oeuvre d'Emile Zavie tombe dans le domaine public en 2013 : Les Beaux Soirs de l'Iran ; Sous les murs de Bagdad ; La Maison des Trois fiancées ; d'Archangel au golfe Persique...)"
3 De Le Préfet maritime -
Votre appréciation du livre est la vôtre. Daignez accepter qu'il puisse susciter la moquerie, puisque, apparemment, en vous plaçant derrière François Nourrissier vous affichez une libéralité bienveillante, généreuse et empathique. Au passage, et en donnant la leçon, vous taxez ceux qui ne partagent vos engouements de lâcheté, c'est épatant.
N'allez pas croire que cela nous fait froncer le sourcil, on nous a déjà fait le coup.
Nos salutations à votre correspondant de Syrie.