Claude Louis-Combet sait titrer

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C'est notoire, Claude Louis-Combet sait titrer. Nul besoin de remonter aux origines de sa bibliographie (L'Enfance du verbe, Flammarion, 1976, un essai), pour savoir aussi qu'il aime le verbe, qu'il aime le manipuler et que les mains mieux que tout étymologiquement manipulent. Et elles manipulent quoi ? On vous le demande ! elles manipulent de la chair !
Avec l'invention de la "machine à mère" (Augias et autres infamies, Corti, 1993), on n'est pas à l'abri du traitement des sanies avec Louis-Combet. C'est-à-dire, au fond, que tout de ce qui appartient à l'Homme le retient, de la mystique follette conçue dans les circonvolutions cérébrales jusqu'au dépôt de latrines.
Avec Suzanne et les croûtons, opus tout neuf, Claude Louis-Combet intervient à nouveau sur une trame biblique - cette Bible qui lui est la mère des mers des histoire - choisie avec délectation : l'anecdote de la chaste Suzanne surprise par les vieux saligauds. En substance celle qu'ont peint moult artistes, parmi lesquels Le Tintoret.
Sous la plume du Lyonnais, voilà que l'anecdote de l'Ancien Testament prend l'allure des "Vieux de la vieille" version cochonne, ou bien d'une réalisation montée par Fellini avec l'aide de José Bénazéraf et de quelque scénariste hilare. Imaginez la gracile Suzanne déboulant dans une maison de retraite où les croûtons, cacochymes et séniles se tirent sur la nouille en espérant un miracle de vigueur retrouvée, imaginez-la encore se caressant pour tenter de rendre à ces messieurs la rigidité de leur membre mollement caoutchouteux dans un délire sensuel...
Claude Louis-Combet sait si bien dire le désir physique, l'appétence et la déréliction qu'on assiste, évidemment, à un banquet de dinguerie formidable, jusqu'à la jaculation finale féroce d'une nature révoltée.

Pour marquer la renaissance de la revue L'Atelier contemporain - nous allons y revenir - c'est une parution parfaite qu'on offrira derechef à ceux qu'on aime.
A la réflexion, une parution parfaite qu'on gardera pour soi (eh oui !), notamment parce que l'ouvrage comprend la version autographique du manuscrit (en fac-similé) et sa version typographiée. Autant en acheter deux.


Claude Louis-Combet Suzanne et les croûtons. - Strasbourg, L'Atelier contemporain, 88 pages, 15 € NB Le texte est servi en version autographe puis en version typographiée.

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