Sagesse de Pierre Girard

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Délicat amateur de femmes, le Suisse Pierre Girard (1892-1956) a laissé des romans où se distinguent des moments délicieux. En Francis de Miomandre plus mélancolique, mais plus sensuel aussi, Pierre Girard mérite d'être relu pour ce genre de paragraphe où s'enchaînent les notations précises et finement mises en mots :

Je n'avais jamais aimé jusqu'à alors. Quelles idées absurdes ne se fait-on pas de l'amour avant de le connaître ! Je croyais que pour aimer, il fallait des mois, des années. Je croyais à je ne sais quelle chaleur au cœur, à quelle langueur... Et voici, ce que j'éprouvais ressemblait beaucoup à une descente en ascenseur. Je restais stupidement le bras droit levé, serrant ma longue flûte de bière blonde, sans pouvoir reprendre mes esprits. J'étais comme ces chasseurs en train de boire, que surprend l'arrivée des biches. En un instant, du reste, je reconnus dans toutes mes pensées des jours précédents la présence de cet amour que je ne soupçonnais pas. C'était vers lui que je me dirigeais en croyant flâner.



Pierre Girard La Rose de Thuringe. — Paris, Calmann-Lévy, 1950, coll. "Le Prisme".

Disponible en librairie :
Pierre Girard Othon et les sirènes. Talence, l'Arbre vengeur. 2012.

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