Le faire-part de Borborygmes

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Une page se tourne. L'une de nos revues préférées, Borborygmes, "le semestriel le plus petit du monde", vient de nous faire parvenir son faire-part de disparition.
Cela arrive couramment dans le monde des revues, sans que cela soit plus triste que cela au demeurant. Lorsqu'une revue disparaît, c'est souvent qu'elle a choisi de se taire. Dès lors, il n'y a rien de plus inopportun que de s'opposer à son intention. Lorsqu'elle la revue était pleine de sève, on n'était pas si nombreux à œuvrer activement pour elle, n'est-ce pas, aussi la pudeur commande-t-elle dans ces cas-là un silence entendu ou, c'est mieux, les hourras et félicitations d'usage pour le travail effectué pendant des années.
(On se souvient de la disparition de la revue Aires par exemple, dont la fin avait conduit des zozo(tte)s maladroit(e)s à exprimer leur frustration et/ou le fervent du culte qu'ils/elles vouaient à ce titre et à ses deux meneuses, lesquelles avaient annoncé pour leur part leur lassitude finalement muée en somnolence... Au pays des bistrotiers on a coutume de dire que celui qui commande paye, c'est bien naturellement la même chose au pays des revues : celui qui abat le travail décide et on a toujours mauvaise grâce de s'opposer à sa volonté, fût-ce avec les meilleures intentions du monde)
Comme le rappelle Julien Derôme, "La revue Borborygmes a joué pendant huit ans son rôle de revue autant que possible en découvrant et en encourageant les nouvelles plumes". De fait, plus que de nombreuses revues qui atteignent la notoriété en se contentant de remâcher les auteurs qu'elles ont découvert dans les catalogues d'autrui (suivez mon regard), cette revue de poche a manifesté de 2006 à 2014 une audace qui peut faire honte à de nombreuses mémères du domaine imprimées comme des princesses : Borborygmes a rempli merveilleusement la fonction d'une revue de création découvrant, parfois avec le concours tutélaires d'ainés prestigieux (Pirotte, etc.), des auteurs inconnus et de jeunes artistes.
C'est du reste ce qui fait désormais partie de son histoire et de l'histoire de ces auteurs qui lui devront une éternelle reconnaissance, de même que ses lecteurs qui se souviennent de tel ou tel texte, de tel ou tel poème et... en redemandent secrètement encore.
Alors, bien sûr, l'appétit redouble pour ces petits fascicules gracieux et en particulier pour le vingt-quatrième et dernier dont le sommaire dédié à Bernard Lefort, écrivain et éditeur au Félin puis meneur de Punctum, disparu en janvier dernier.
Mais pourquoi n'est-ce pas si triste que cela, alors, la fin d'une revue ?
On vous laisse y réfléchir, mais pour notre part, nous avons notre idée.
Et pour commencer la revue fera son tour d'honneur au Salon du Livre ces 22 et 23 mars. Ensuite... MM. les bibliophiles voudront bien se lancer à la chasse aux collections complètes...

Merci, Borborygmes !



Borborygmes (n° 24)
63 pages, 5 €
Collection complète : 69 euros
Quelques mots, 22 boulevard Kellermann, 75013 Paris
revueborborygmesATgmail.com

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