Résultat du Grand Jeu de l'Alamblog

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Il ne fut donc pas brisé, le sceau de la réponse de l'intangible question !
Qui est donc ce personnage barbu ? Le saura-t-on enfin ?
Nul Alamblogonaute ne mit donc de patronyme sur cette face, pas même un prénom, un surnom ?...
C'est qu'on l'aura peu vu, Jean Izoulet, depuis qu'il est mort le 25 mai 1929 à Paris.
Né le 20 août 1854 à Miramont-de-Quercy (Tarn-et-Garonne), Izoulet-Loubatière fut normalien (1874), agrégé de philosophie, professeur à Bourg-en-Bresse, au lycée Condorcet (époque où il publia son grand livre) puis à Henri-IV, secrétaire du ministre Paul Bert en 1880 et élu, pour finir, en 1897, à la chaire de philosophie sociale du Collège de France.
On ne saurait progresser si vite ! C'est en 1895 que La Cité moderne, sa thèse principale, connaît un véritable succès éditorial. Le sujet est dans le vent, et le caractère "métaphysique", pour ne pas dire délayé de son écrit soi-disant sociologique permet à tout un chacun d'apprécier sa prose. Y compris le presse, et la critique de divers bords : "Maurice Barrès, le philosophe agnostique Gabriel Compayré, l'historien protestant Gabriel Monod et le ministre radical Léon Bourgeois qui le citera, comme autorité intellectuelle" dans sa Solidarité (1896).
C'est la grande époque des la psychologie sociale et des Tarde, Steiner et consorts qui, parfois bien toqués, s'en donnaient à plume-joie. La deuxième période d'Izoulet (1926-1928), du reste, est plutôt difficile à digérer. Notre "confucius de l'occident" (son disciple Emile Bocquillon) proposa, lui, La Cité moderne qui reste son grand texte (on le trouve naturellement sur Gallica). Dans la préface intitulée "Le suicide des démocraties", ces mots :

J'ai vu un jour ce tableau : au revers d'un mont, sous une tempête déchaînée, un petit groupe frissonnant. Ce sont des brebis surprises par la tourmente, et qui se pressent et se blottissent les unes contre les autres, mues par l'instinct de conservation.

Pour Izoulet, la cité est tout pour l'homme. La société transforme l’animal en homme. L’individu de génie n’en est pas moins la source de tout progrès. C'est l"'époque des thèses "bio-sociales" de Roberty, il est vrai. Il se montra in fine particulièrement polémique à l’égard de Marx, de Durkheim et de Bergson, sortes d’Antéchrists modernes à ses yeux, Izoulet, devenu panthéiste, rêvait in fine d’un syncrétisme religieux au cœur d’un pouvoir politique mondial fondé sur les patries. Le fidèle Bocquillon, ardent défenseur du "patriotisme" à l’école et dans toute la société, donna en 1930 une version raccourcie de La Cité moderne sous forme de "pages choisies" (535 quand même !), dernière expression publique de celui qui fut, comme Durkheim, un élève attentif de Fustel de Coulanges, auteur de La Cité antique (1864). (Hervé Terral). La simple consultation des derniers titres de la bibliographie établie ci-dessous laissera aux habitudés des Hétéroclites de Blavier et de Queneau un air de déjà vu, plus en tout cas qu'il n'en faut pour n'avoir pas à aller y voir. Dominique Parodi n'en pensait guère mieux et l'avait écrit : "Esprit incertain et obscur". Certes, mais tout de même, hein, on n'avait depuis longtemps plus vu sa tête...



Bibliographie très fragmentaire
L’Âme française et les Universités nouvelles selon l’esprit de la Révolution (Paris, A. Colin, 1892).
De J.-J. Russeo (J.-J. Rousseau) : utrum misopolis fuerit an philopolis, ex genavensi codice cum ceteris Russei operibus collato, quaeritur Haec apud Facultatem litterarum parisiensem disputabat Johannes Izoulet (Parisiis, F. Alcan, 1894).
''La Cité moderne'' (Paris, Félix Alcan, 1895)
Les Quatre Problèmes sociaux. Leçon d’ouverture du cours de philosophie sociale au Collège de France (Paris, A. Colin, 1897).
Les vingt-quatre armures de la Pangermanie, ou Qu'appelez-vous donc désarmer l'Allemagne ? (Paris, H.. Floury, 1920).
Sans Russie, pas de France ! (Paris : H. Floury, 1920).
La rentrée de Dieu dans l'école et dans l'Etat, ou la Philosophie de l’Histoire de France. Le Drame du Rhin et le Drame du Christ (Paris, Grasset, 1924).
Camille Delthil, poète de terroir du Bas-Quercy, sénateur de Tarn-et-Garonne, et son buste érigé à Moissac, le 19 septembre 1926, avec épitre dédicatoire à M. le docteur Ernest Foissac (Montauban, Impr. coopérative Barrier et Cie, 3, avenue Gambetta, 1926).
Paris, Capitale des Religions ou La Mission d’Israël. Avec une lettre-préface de M. Sylvain Lévi, membre de l’Institut et Président de l’Alliance Israélite Universelle (Paris, Albin Michel, 1926).
La Métamorphose de l'Église ou la Sociologie, fille du Décalogue au Collège de France. Les quatre bases scientifiques de l'idée laïque : Moïse et Aristote, pères du laïcisme ; Copernic et Claude Bernard, pères du panthéisme, ce super-laïcisme. Avec une Epître au Roi François Ier ou prélude au IVe Centenaire du Collège de France (Paris, Albin Michel, 1928).
Le Panthéisme d'Occident ou le Super-laïcisme et le fondement métaphysique de la république et du socialisme hiérarchiques. La Nouvelle Ame et le Nouveau Dieu. La Nouvelle Église et le Nouvel État (Paris, Albin Michel, 1928, 2 vol.)
La Conjugaison des Deux Têtes de l’Aigle, (Paris, Albin Michel, 1928)
La Sainte Cité ou l’Anti-Marxisme. Titre et sous-titre primitifs et définitifs de la Cité moderne ou la Métaphysique de la sociologie. Nouvelle introduction. Le Collège de Moissac et la Cité moderne. Ma mission d'enquête sur le catholicisme. Lettre ouverte à M. Aristide Briand. Les intellectuels et la Cité moderne. Karl Marx ou la Super-Catoblépas. Introduction primitive. Le suicide des démocraties (Paris, Albin Michel, 1930, 2 vol.).
Pages choisies de la Cité moderne (par Emile Bocquillon), Paris, Albin Michel, 1930.

Il a également préfacé Jules Bois, Theodore Roosevelt, Traduit Ralph Waldo Emerson, Thomas Carlyle, etc.


Le lot inexploité (un exemplaire des Notes d'un embusqué d'Aurèle Patorni s'il vous en souvient) servira au jeu prochain...

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